Par Alioune Badara NDIAYE (Correspondant) – 

Les capteurs écorces déployés il y a quelques années dans plusieurs quartiers de Sébikotane pour étudier la qualité de l’air et du sol, dans le cadre du projet Airgeo, vont livrer leurs secrets. Cela aura lieu à l’occasion du festival axé sur la santé et l’environnement Noyyindoo (Respirer ensemble), qui se tient les 31 janvier et 1er février à Sébikotane. Les membres du comité ont fait face à la presse en perspective de l’activité. Débats, expositions (art science, architecture…) et autres activités artistiques, notamment un concert avec en vedette le chanteur Omar Pène, seront aussi au menu pour ces deux jours de festivités. «Ce festival-forum vient poser un événement qui est le 3ème acte du processus. Il y avait eu, il y a 3 ans, toute une résidence avec le déploiement des capteurs, deux ans plus tard, en juin 2023, des forums de quartiers durant lesquels il y avait une présentation partielle des résultats et des actions artistiques», a rappelé Claire Dutrait, autrice et enquêtrice pour le projet Airgeo. «Ce sera l’occasion de mettre ensemble les autorités et les populations qui se sont organisées en collectif, aussi  de porter la parole des populations (…) Un plaidoyer contre les pollutions et pour le bien-vivre sera prononcé par le Conseil citoyen de l’observatoire», a relevé Mme Dutrait, qui porte aussi la dimension artistique du festival.
Elle a en outre annoncé la présence du ministère de l’Environnement et de l’ambassade de France, ainsi que de la mairie, à la rencontre. «Le festival est l’occasion de restituer les résultats (…) ça a été un projet scientifique exceptionnel parce qu’il n’y a pas eu que des chercheurs. Ça a été une alliance entre les scientifiques, les habitants, les associations, les autorités locales, qui ont permis de déployer les capteurs écorces, mais aussi de faire toutes les enquêtes sur le sol et l’air pour ensemble co-construire la connaissance sur la qualité de l’air à Sébikotane», a noté Mélina Macouin, chercheuse au Centre nationale de la recherche scientifique (Cnrs-France), ayant participé au projet. Elle a évoqué une forte pollution de l’air ambiant causée, entre autres, par les usines, la route, mais aussi la combustion de charbon pour la cuisine. Mme Macouin a aussi fait part de sa préoccupation du fait de la présence en teneur importante de plomb aux alentours de Gravita, une usine de recyclage de batteries ayant déménagé, mais aussi de deux usines d’acier dont les alentours sont aussi pollués en fer et zinc. L’enquête a révélé que les particules se sont déplacées, infectant le sol à plus d’un kilomètre des usines incriminées. Les chercheurs ont aussi esquissé des actions palliatives à l’effet de pollution. «Avec la problématique environnementale liée à la contamination au plomb, nous nous sommes intéressés à la phytoremédiation, c’est-à-dire une solution novatrice qui consiste à utiliser les plantes pour puiser ce plomb du sol et le gérer, afin que ce sol soit dépollué», a indiqué en cela Moustapha Bassirou Sagna, enseignant à l’Ucad et spécialiste en biologie végétale. Il s’agira ainsi, lors du festival-forum, de diffuser les résultats de l’enquête et favoriser la co-construction de solutions et initiatives pour un mieux-vivre dans la localité.
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