Aïssata Tall Sall au Mfb : «Les solutions que vous nous proposez pour trouver l’argent ne sont pas fiables»

Aïssata Tall Sall a fortement remis en question la fiabilité des données contenues dans la Loi de finances rectificative (Lfr) 2025. Elle a souligné des incohérences entre les projections de déficit budgétaire et de pression fiscale annoncées par le ministre et celles figurant dans d’autres documents officiels comme le Plan Sénégal 2050. Elle a notamment fait remarquer que le ministre avait annoncé un taux de pression fiscale de 20% pour 2025, alors qu’un autre document mentionnait le même taux pour 2029, questionnant ainsi la crédibilité des chiffres et la capacité du ministère à présenter des prévisions stables et logiques. Elle a insisté sur la nécessité pour le ministre de «sortir les vrais chiffres» et de les revoir, estimant que les solutions proposées pour trouver l’argent n’étaient pas fiables. «Vous étiez là à l’époque. Vous connaissez les vrais chiffres. Je vous conseille de rester dans votre rôle de ministre et ne faites pas de politique. Même si on vous pousse à le faire, il y a une tradition républicaine au Sénégal selon laquelle les ministres des Finances ne devraient pas s’immiscer dans des querelles politiciennes», rappelle-t-elle.
Par ailleurs, la présidente du groupe parlementaire Takku Wallu a soulevé des doutes sur la légalité même de la Lfr, en affirmant que cette loi était «illégale», car elle aurait dû être présentée en cours d’exercice budgétaire, et non à quelques jours de la fin de l’année. Elle a notamment mentionné que des crédits de 20 milliards F Cfa auraient été déjà dépensés pour les élections avant même le vote de la loi, ce qu’elle a qualifié de «première violation de l’orthodoxie financière». La députée a exprimé des inquiétudes concernant la gestion de la dette publique et l’augmentation du déficit budgétaire qui, selon elle, s’éloigne des critères fixés par l’Uemoa. Elle a appelé à une position nationale sur la dette basée sur la vérité des chiffres, et a critiqué ce qu’elle a perçu comme une «frénésie» dans l’emprunt de la part du gouvernement. «Vous prônez un maintien très faible du système et des fonds budgétaires, pour une augmentation des déficits et bien loin des critères fixés par notre communauté. Et dans tout cela, vous cherchez 1140 milliards de francs entre la Lfi et la Lfr. Où trouvez-vous l’argent, M. le ministre ?», interroge la députée. Pour elle, «les solutions que le ministre des Finances propose pour trouver l’argent ne sont pas fiables». Elle enchaîne : «Pour trouver cet argent, vous dites : oui, nous allons recourir à la compression des dépenses. D’accord. Rationalisons les dépenses. Compressons-les. Mais lorsque vous nous dites que c’est seulement pour un taux de 0, 5% que vous avez accepté de doubler les dépenses du budget général, alors que vous voulez trouver 1140 milliards de francs. Vous nous dites, oui, nous allons mobiliser les ressources. Mais que nous dites-vous pour mobiliser les ressources ? Nous allons augmenter le budget et la pression fiscale de 20%. Donc, vous demandez d’augmenter cette pression fiscale de 20% d’ici 2025. Dans le document que vous avez sur l’orientation budgétaire, vous dites que vous atteindrez ce taux de 20% de pression fiscale. Vous êtes ministre des Finances et il y a un réel problème avec les chiffres. Je vous l’ai dit la dernière fois. Concernant le taux de croissance, lorsque vous avez annoncé notre déficit budgétaire, vous l’avez annoncé à 3% en 2025 et à 3% en 2029 dans le Plan Sénégal, le Plan national de développement du Sénégal. Donc Monsieur le ministre, vous devez examiner ces chiffres.»