AJMS-REDDEM – Mise en place d’une politique nationale de la migration : Mémorandum pour l’adoption du document !

La mise en place d’une politique nationale de la migration est essentielle dans ce pays qui a toujours su compter sur sa diaspora qui y injecte près de 900 milliards F Cfa. C’est la première source de financement externe du pays. Par conséquent, son adoption est essentielle pour concentrer les axes stratégiques dans cette politique.Par Ousmane SOW
– C’est une demande «légitime» vu la gravité de la situation :
mettre en place un comité ad hoc interministériel chargé de finaliser le document sur une Politique nationale de migration, s’assurer qu’il soit centré sur les enjeux locaux et en cohérence avec les cadres existants, mettre en œuvre tous les instruments juridiques africains et internationaux, améliorer l’information sur les dangers de la migration irrégulière, mettre en place un dispositif de suivi-évaluation et instituer un ministère en charge de la Migration. Voilà autant de «points» sur lesquels l’Association des journalistes en migration et sécurité (Ajms) et le Réseau développement et de protection des droits de migrants (Reddem), en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert (Fes), ont réfléchi pour inviter particulièrement les autorités nationales à apporter dans l’urgence, des solutions pour accélérer le processus d’adoption du document de Politique nationale de la migration au Sénégal.
Dans un mémorandum publié ce 29 mai 2022, ces organisations souhaiteraient contribuer aux nombreuses initiatives de la Société civile sénégalaise tendant à encourager fortement l’Etat du Sénégal à prioriser l’adoption d’une telle stratégie qui pourrait, selon eux, renforcer la protection des droits des travailleurs migrants au Sénégal et dans la diaspora. «Pays de départ, de transit et de destination, en matière de migration, le Sénégal ne peut se permettre de ne pas disposer d’un document de politique migratoire qui identifie les axes stratégiques sur lesquels doit reposer une vision nationale de la migration qui contribue au développement du pays», notent les membres de ces organisations dans un document.
Réunis du 27 au 29 mai 2022 au Service national d’éducation et d’information pour la santé (Sneips) pour échanger sur la révision et la validation dudit document national de politique migratoire du Sénégal, dans leur mémorandum, ils rappellent que le processus enclenché en 2015 en vue de l’élaboration et l’adoption d’un tel document doit nécessairement aboutir à la mise en place d’une vraie politique nationale de migration. Et pour ce faire, ils estiment que «le Sénégal doit s’inscrire dans la dynamique des Etats africains visant la mise en œuvre effective des politiques et instruments juridiques africains et internationaux relatifs à la mobilité des personnes, y compris celle des travailleurs migrants et de leurs familles».
Dans la même veine, ils soulignent également que le document national de politique migratoire doit être le fruit d’une démarche «inclusive et participative». Pour eux, la migration a toujours été et demeure un fait social qui contribue à façonner la vie des humains. «Le Sénégal est connu pour être une terre d’hospitalité et de brassage de populations, dans laquelle les droits de la personne humaine sont respectés», renseigne le document. De même, ils informent que depuis 2006, l’Union africaine encourage fortement ses Etats membres à se doter d’une politique nationale de la migration en phase avec le cadre de politique migratoire pour l’Afrique. «Une telle démarche aiderait les Etats à régler l’essentiel des problèmes liés à la migration en Afrique, y compris celui de la main-d’œuvre qui en est l’épine dorsale», soutiennent ces organisations qui reconnaissent qu’au Sénégal, la contribution de la diaspora dans le développement économique et social du pays est remarquable et un tel document, disent-ils, renforcerait son rôle dans les politiques nationales et surtout obligerait l’Etat à mieux protéger leurs droits dans les pays de transit et de destination.
Il faut savoir que la maitrise des flux migratoires dépend d’une information fiable et exhaustive. Pays d’hospitalité et d’accueil, le Sénégal est reconnu comme le foyer d’une importante diaspora active de par le monde où les questions migratoires sont plus que jamais sur le devant de la scène, comme décrit dans le Profil national 2018 publié par l’Oim. Le Sénégal s’est construit à travers les migrations et ses migrants internes alimentent aujourd’hui la vitalité de son commerce et de ses activités productives.
Prendre en compte la diversité des profils des migrants au travers d’une action cohérente demande donc une bonne connaissance des flux migratoires actuels, ainsi que des impacts des populations migrantes sur toutes les dimensions du développement.