Un an après sa disparition, Habib Faye renaît sur la scène de l’Institut français de Dakar à l’occasion de la sortie de l’album qu’il a réalisé avec Ablaye Cissoko, le virtuose de la kora. L’album «Mane mane» qui sera vendu pendant ce concert s’annonce exceptionnel en ce sens qu’il revisite l’amitié solide qui a uni ces deux virtuoses.
L’un est un virtuose de la kora. L’autre est un génie de la basse. De leur rencontre est né l’album Mane mane. Un an après la disparition du bassiste du Super Etoile, Habib Faye, le produit qu’il a réalisé avec Ablaye Cissoko va être mis en vente. L’album collector sera présenté au public lors de deux concerts à l’Institut français de Dakar d’abord aujourd’hui, ensuite à Saint-Louis le 24 avril. Mais avant ces dates, le musicien de Saint-Louis, Ablaye Cissoko a organisé une séance d’écoute pour partager avec la presse les notes de cet album riche de 10 titres. Mami Niang ou encore Africa molu, Haïti, Hivernage sont autant de titres qui composent cet album dont la particularité est de raconter l’histoire d’une rencontre et d’une amitié. Chacune des chansons qui composent l’album s’accompagne d’une anecdote que Ablaye Cissoko évoque avec émotion. «Avec Africa, il voulait dire que l’Afrique ne doit pas rester en retard. C’est quelque chose qui lui tenait à cœur. Habib était très perfectionniste, mais on a enregistré cette chanson alors qu’il commençait à perdre ses forces. On aurait pu ne pas mettre ce morceau, mais ce ne serait pas respectueux pour lui», raconte le musicien de Saint-Louis sous le regard chargé d’émotion de l’épouse de Habib Faye. Son frère Vieux Mac Faye va dans le même sens. «Cet album est fort parce qu’il y a de petites imperfections que l’artiste n’aurait jamais accepté de laisser passer. C’est la preuve de sa bravoure.» Une bravoure dont il a fait preuve jusqu’à ses derniers instants de vie et que ses amis tiennent à saluer. «Quelque part, Habib m’avait choisi. Et il m’a dit : j’ai vu beaucoup de joueurs de kora, mais c’est avec toi que je veux faire cet album», raconte Ablaye Cissoko.
Pour Vieux Mac Faye, cet album concrétise surtout le désir de son jeune frère de mettre ensemble des instruments traditionnels et modernes. «Il voulait montrer les possibilités que l’on a avec les instruments traditionnels», explique M. Cissoko. «Habib était non seulement un bassiste, mais doublé d’un chanteur, d’un guitariste. C’était un bassiste et un guitariste. C’était un génie», rappelle son frère. Fondatrice d’Agenda Dakar et présidente de la Fondation Music in Africa, Aisha Dème rappelle que c’est grâce à Habib Faye que la basse est devenue accessible au Sénégal. «Il a amené cet instrument dans nos maisons et les jeunes ont commencé à l’apprécier», rappelle-t-elle. Pilier du Super Etoile de Youssou Ndour, Habib Faye a quitté ce monde le 25 avril 2018. Ces 25 dernières années, il a composé l’essentiel de la musique du groupe de Youssou Ndour. Sa rencontre avec Ablaye Cissoko, le griot, a donné naissance à cette collaboration qui se poursuit de 2015 à aujourd’hui. Ce soir au Centre culturel français et le 24 à Saint-Louis, c’est l’histoire de cette amitié musicale entre deux hommes que le public est invité à venir découvrir.