Malgré sa criminalisation, le faux monnayage reste un fléau. Entre juillet et maintenant, il y a une saisie de plus de 2 milliards F Cfa en faux billets. Selon la gendarmerie qui tire la sonnette d’alarme, il tient «le haut du pavé de la criminalité» au Sénégal.Par Justin GOMIS

– Que dire ? «Le faux monnayage semble gagner du terrain et tient aujourd’hui le haut du pavé de la criminalité», alerte la Gendarmerie nationale, qui conduit depuis juillet dernier, plusieurs opérations qui ont permis de saisir quelque 2 milliards de francs Cfa en fausse monnaie. «En effet, au mois de juillet 2021, la Brigade de Keur Massar a procédé à la saisie de quatre cent soixante-quinze millions (475 000 000) francs Cfa en faux billets. Le samedi 1er août 2021, une autre opération a permis de mettre la main sur trois individus dont un sujet étranger en possession d’un lot de matériels destinés à la confection de billets de banque au quartier Mtoa», rapporte un communiqué de la Gendarmerie nationale. Ce n’est pas tout : «A l’occasion de cette opération, huit cent soixante mille (860 000) francs Cfa en fausses coupures de dix mille (10 000) francs Cfa ont été également saisis de même que deux imprimantes multifonctions ainsi qu’un ordinateur portable servant à la contrefaçon.» «Au cours de la même période, signale la même source, la Section de recherches de Dakar s’est également distinguée en mettant fin aux agissements de faussaires parmi lesquels un groupe d’individus détenant une importante quantité de faux billets conditionnés dans des paquets cinquante (50), cent (100), deux-cents (200) et cinq-cents (500) euros.» D’après la Division communication et relations publiques de la Gendarmerie nationale, ses unités ont saisi lors de cette opération, «près de six cent quatre-vingt-quinze millions (695 000 000) francs Cfa en fausse monnaie et arrêté douze (12) individus».

Le faux monnayage tient désormais «le haut du pavé de la criminalité», selon la gendarmerie
Face à cette situation, la maréchaussée ne compte pas céder le terrain aux délinquants. Selon elle, des outils d’investigation «performants et la surveillance des circuits d’écoulement ont ainsi permis à la gendarmerie de neutraliser ces réseaux criminels de la contrefaçon qui ont recours de plus en plus aux technologies numériques». Mais, elle ne cache pas que le faux monnayage, «avatar de la délinquance économique et financière, semble gagner du terrain et tient aujourd’hui le haut du pavé de la criminalité comme l’attestent les saisies récurrentes opérées par les unités de gendarmerie au cours du dernier trimestre». Par conséquent, la Gendarmerie nationale invite «les populations à plus de vigilance et une véritable collaboration pour une lutte efficace en signalant toute découverte ou information relative à ce domaine ou d’autres, en appelant au Centre de renseignement et des opérations (Crogend)».
Les infractions relatives au délit de faux monnayage sont punies conformément à la loi 84-11 du 4 janvier 1984 abrogeant et remplaçant les articles 119 et 124 inclus du Code pénal.
Malgré l’arsenal répressif mis en place, rien ne semble dissuader les faussaires. Il faut savoir que selon l’article 119 du Code pénal, «quiconque aura con­trefait, falsifié ou altéré des signes monétaires ayant cours légal sur le territoire national ou à l’étranger sera puni des travaux forcés à perpétuité et d’une amende décuplée de la valeur desdits signes et au moins égale à 20 millions de francs Cfa». Si le coupable bénéficie de circonstances atténuantes, la peine ne pourra être inférieure à cinq ans de travaux forcés et à 1 million de francs d’amende, poursuit l’article 119 du Code pénal. L’article 20 du même code dit «Quiconque aura participé à l’émission, l’utilisation, l’exposition, la distribution, l’importation ou l’exportation de signes monétaires contrefaits, falsifiés, altérés ou colorés sera puni des peines prévues aux articles ci-dessus, selon les distinctions qui y sont portées. La tentative sera punie comme l’infraction consommée.
justin@lequotidien.sn