ALERTE – Insécurité alimentaire dans le Sahel : Les agences des Nations unies appellent à la mobilisation de ressources
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Mobiliser des ressources pour venir en aide à 5 millions de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire dans la zone du Sahel : c’est l’appel lancé par la Fao, le Pam et l’Unicef. En conférence de presse hier, les représentants de ces organes des Nations unies ont insisté sur la situation difficile que vivent ces populations affectées et sur l’urgence d’in
L’insécurité alimentaire dans le Sahel inquiète les agences des Nations unies. C’est pour faire face à cette situation dont sont confrontées 5 millions de personnes dans cette zone que la Fao, le Pam et l’Unicef ont décidé, dans un programme conjoint, de mobiliser des fonds. En conférence de presse hier, les représentants de ces agences ont insisté sur l’urgence de mobiliser des ressources pour venir en aide à ces populations touchées dans 6 pays de l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit de la Mauritanie, du Sénégal, du Mali, du Niger, Burkina et du Tchad. Lors de cette rencontre, le directeur régional du Programme alimentaire mondial a précisé que dans le Sahel, on est habitué à des périodes de soudure. Sauf que cette année, elle s’est déclarée plutôt que d’habitude. Selon Abdou Dieng, «ce qui veut dire qu’elle va être beaucoup plus longue». M. Dieng, qui informe que l’alerte a été lancée depuis février, souligne que cette crise a «plusieurs aspects : insécurité alimentaire, nutritionnelle, agropastorale». Mesurant la gravité de la situation, il soutient qu’il faut agir «au plus vite, parce que plus nous attendons, plus la situation de ces personnes va se dégrader». «Cela va coûter plus cher et impacter beaucoup plus de personnes», a-t-il averti. S’agissant de l’intervention du Pam, M. Dieng informe que «sur ces 5 millions de personnes, il compte en assister pendant cette période environ 3,5 millions». «Pour cela, les estimations pour l’assistance de ces personnes sont environ 283 millions de dollars Us. Il s’agit de l’aide que nous comptons apporter en plus de ce que font les gouvernements, distribution de vivres dans certaines zones, des transferts monétaires pour permettre à ces personnes de faire face à cette situation», a-t-il expliqué.
Cette période de soudure affecte aussi les pastoraux et les agro-pastoraux ; d’où, d’après la représentante de la Fao, la nécessité de leur venir en aide. D’après Coumba Sow, dans «les 6 pays, il y a 60 millions de bovins, 160 millions de petits ruminants et cela représente 40% du Pib agricole». Et, souligne-t-elle, ce qui «permet de fournir environs 50% de la viande consommée dans cette région et 70% de la production de lait». Selon Mme Sow, «quand les pastoraux et les agro-pastoraux sont menacés par cette sécheresse qui ne permet pas de nourrir tous ces animaux, il convient de faire quelque chose pour les ménages à qui appartiennent ces bétails».
D’après les estimations, 2,5 millions de pastoraux seraient en situation difficile. Pour aider cette population, «la Fao voudrait mobiliser 128 millions de dollars qui comprennent 40 millions de dollars pour des réponses immédiates». «La Fao va aider ces pays à mettre en œuvre des plans de réponse, à s’occuper d’aliments de bétail, d’urgence à réhabiliter de points d’eau, des stockages et distribution de viande aux familles les plus vulnérables et des soins vétérinaires», a-t-elle fait savoir. La représentante de l’Unicef qui informe que 1,6 million d’enfants risquent de souffrir de la malnutrition dans cette zone, soit une augmentation de 50% par rapport à 2012, doit mobiliser 264 millions de dollars pour éviter à ces enfants une malnutrition sévère.
Outre ces mesures, ces agences ont aussi fait savoir qu’il faut bâtir la résilience pour que, même s’il y a des chocs, les personnes touchées ne soient pas impactées comme on le voit aujourd’hui. D’après le directeur régional du Pam, il faut pour cela «des investissements». «Nous avons fait des études qui ont démontré qu’en investissant 500 millions de dollars et aider 5 millions de personnes pendant 5 ans, on va bâtir de la résilience. C’est l’alimentation, l’accès à l’eau potable, à la santé. Il faut qu’on arrive à investir dans le sahel des programmes durables, résilients pour pouvoir stopper ce problème», a-t-il déclaré.
750 mille personnes touchées au Sénégal
Lords de cette conférence de presse, le directeur régional du Pam a été interpellé sur la situation de l’insécurité alimentaire au Sénégal. Selon Abdou Dieng, au Sénégal c’est le nord du pays qui est concerné. Il informe que 750 mille personnes sont affectées par l’insécurité alimentaire. Il a précisé que les données proviennent du gouvernement dans le cadre du programme harmonisé. «Il y a un plan de réponse du gouvernement et les partenaires vont venir en appui. Le Pam, sur ces 750 mille personnes, a l’intention d’assister à peu près 140 mille et le reste d’autres partenaires», a-t-il dit.
dkane@lequotidien.sn