L’Ong Cicodev appelle l’Etat du Sénégal, la Commune de Diass et les populations au dialogue pour trouver une solution aux problèmes fonciers à l’origine des échauffourées ces derniers jours entre les Forces de l’ordre et les populations. Selon cette organisation, «toute tentative de règlement de ce conflit qui ne met pas en avant le processus social d’intégration des populations est vouée à l’échec».Par Dieynaba KANE – 

La situation dans la Com­mune de Diass inquiète l’Ong Cicodev. L’organisation, dans un document, déplore les échauffourées entre la population de Diass et les Forces de l’ordre ces derniers jours à cause de la gestion foncière dans cette zone. Selon les membres de la Cicodev, «l’Etat du Sénégal a l’obligation de garantir aux populations leur droit de réclamer un toit dans leurs communes». Ainsi, soutiennent-ils, «face à une telle situation, seul le dialogue peut mener à une issue heureuse des conflits». C’est ce à quoi ils appellent «l’Etat du Sénégal, la Commune de Diass et les populations». Pour eux, «toute tentative de règlement de ce conflit qui ne met pas en avant le processus social d’intégration des populations est vouée à l’échec». De ce fait, la Cicodev juge urgent «pour l’Etat du Sénégal, d’aller au-delà de la liberté provisoire accordée aux populations contestataires de Diass, pour prendre toutes les mesures pour assurer la pleine jouissance des communautés de leurs droits fonciers dans la paix et la quiétude sociale».
Cette organisation, qui rappelle la pression foncière à laquelle fait face cette zone, estime qu’au regard du contexte global de la gouvernance foncière au Sénégal, c’est le lieu d’appeler l’Etat à relancer «le processus de réforme foncière dans sa globalité pour des solutions concertées et consensuelles entre les familles d’acteurs sur la gestion foncière». Il est aussi demandé «l’opérationnalisation de la volonté proclamée du chef de l’Etat d’interdire l’octroi de titres fonciers sur les terres arables en milieu rural des communautés». Dans la même veine, la Cicodev souhaite «l’adoption de mécanismes juridiques spécifiques protégeant les défenseurs des droits/activistes fonciers pour leur permettre de contribuer à la gouvernance transparente et responsable du foncier en toute quiétude». Et aussi «l’institutionnalisation d’un contrôle citoyen à tous les niveaux de la gouvernance foncière au Sénégal pour garantir la participation effective des populations».
Pour montrer «l’agression foncière exponentielle» à laquelle la Commune de Diass fait face, la Cicodev informe que celle-ci est menée souvent «par des projets et programmes étatiques». Selon cette organisation, «il en est ainsi par exemple de l’aéroport de Diass assis sur une assiette foncière de 4500 hectares, de la Zone économique spéciale industrielle (N°2) d’une superficie de 10 000 hectares, du Port de Ndayane occupant 400 hectares appartenant à la Commune de Diass, de l’Usine des Gros porteurs 100 hectares, du Pôle-urbain de Dagga-Kholpa 3000 hectares avec une zone d’aménagement concertée de 300 hectares et de la base de vie de «Saudi Ben Laden Group» bénéficiaire de 100 hectares pour des besoins d’investissement». Ces membres de la Société civile, qui disent ne pas «nier la pertinence de ces projets», constatent toutefois que «ceux-ci privent la commune de toute possibilité d’extension pour satisfaire la demande de logement des administrés sans compter les potentielles activités agricoles en voie de disparition». Ils rappellent ainsi «que l’accès à la terre est un droit fondamental, le foncier permet à plus de 70% de la population du pays de satisfaire leurs besoins en logement, nourriture, mobilité, accès à la santé à travers les plantes médicinales». «Pour rappel, la Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001 modifiée, consacre le principe de la souveraineté du Peuple sur ses ressources naturelles. L’exer­cice de cette souveraineté ne peut être effectif que quand les populations ont la faculté d’exercer leur droit à réclamer légalement ce que la Cons­titution leur octroie. D’où la nécessité de protéger les défenseurs des droits fonciers et non les intimider», fait savoir la Cicodev.
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