Le chef d’état-major de l’Armée, Ahmed Gaïd Salah, a accusé hier l’ancien directeur du Drs (Département du renseignement et de la sécurité), le général à la retraite Mohamed Mediène dit Toufik, d’«entraver les solutions de sortie de crise». Gaïd Salah, qui s’exprimait depuis Ouargla, a abordé d’autres sujets liés aux affaires de corruption ainsi qu’à l’emblème national.

L’un des messages les plus significatifs de cette nouvelle sortie de Gaïd Salah est sans doute ce dernier avertissement qu’il lance au général à la retraite, Mohamed Médiène alias Toufik, ex-patron du renseignement pendant vingt-cinq ans. Gaïd Salah accuse ainsi nommément Toufik d’avoir participé à des réunions secrètes «dans l’ombre pour conspirer autour des revendications du Peuple et afin d’entraver les solutions de l’Armée nationale populaire et les propositions de sortie de crise».
«(…) Ces parties, à leur tête l’ex-chef du Département du renseignement et de la sécurité (Drs), ont tenté, en vain, de nier leur présence dans ces réunions, et d’induire en erreur l’opinion publique, et ce, en dépit de l’existence de preuves irréfutables sur ces faits abjects. Nous avons affirmé, ce jour-là, que nous allions dévoiler la vérité, et les voici qui continuent à s’agiter contre la volonté du Peuple et œuvrer à attiser la situation, en approchant des parties suspectes, et inciter à entraver les solutions de sortie de crise», a déclaré Gaid Salah depuis Ouargla.
Le chef d’état-major de l’Armée ne s’est pas contenter d’accuser l’ancien directeur du Drs. Il l’a menacé ouvertement en déclarant : «Je lance à cette personne (Toufik, Ndlr) un dernier avertissement, et dans le cas où il persiste dans ses agissements, des mesures légales fermes seront prises à son encontre.»
Mis en cause sans être nommé dans un communiqué du ministère de la Défense du 30 mars dernier, Toufik a nié avoir pris part à une réunion à laquelle auraient participé l’ancien Président Liamine Zéroual ainsi qu’un membre d’un service secret étranger. Selon nos informations, au cours de ce rendez-vous, il lui avait notamment proposé, en accord avec Saïd Bouteflika, de présider l’instance de transition nationale.
Le discours de Gaïd Salah intervient quelques heures après l’annonce de la démission du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, lui aussi pris pour cible par les manifestants. Sa décision est-elle une concession et un pas de plus dans la satisfaction de la demande populaire d’en finir avec le système ? L’allocution de Gaïd Salah, qui répète que «l’Armée est engagée à satisfaire toutes les revendications du Peuple», semble aller dans ce sens.
Il a invité, par ailleurs, la justice à engager des poursuites contre des individus impliqués dans des affaires de corruption et de détournement de fonds pu­blics. «Nous nous attendons à ce que les instances judiciaires concernées accélèrent la cadence du traitement des différents dossiers concernant certaines personnes ayant bénéficié indûment de crédits estimés à des milliers de milliards, causant préjudice au Trésor public et dilapidant l’argent du Peuple», a-t-il déclaré.

El Watan et Jeune Afrique