Environ un millier de médecins résidents se sont rassemblés lundi 12 février 2018 en plein centre d’Alger, bravant l’interdiction de toute manifestation dans la capitale algérienne en vigueur depuis 2011.
Le mouvement des médecins résidents a de nouveau frappé fort : ils ont bravé l’interdiction de manifester dans la capitale et ont réussi à se réunir en milieu de matinée devant la Grande Poste, bâtiment emblématique d’Alger. Une manifestation d’autant plus exceptionnelle que depuis 2001, une interdiction de manifester empêche tout rassemblement dans la capitale, à quelques rares exceptions près.
Malgré la forte présence policière, en tenue et en civil, déployée tôt le matin et qui filtrait de façon stricte l’accès au quartier, les médecins ont répondu en nombre. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses images de l’événement ont circulé.
Les protestataires, entourés par d’un cordon policier serré, notamment constitué de camions bloquant l’accès à la place où ils se sont rassemblés, étaient toujours assis devant la Grande Poste à la mi-journée, scandant notamment «Résidents, dignité !». La police n’est, cette fois, pas immédiatement intervenue pour tenter de les disperser.
Une première manifestation réprimée dans le sang
Mercredi 3 janvier 2018, une première manifestation des médecins résidents à Alger avait tourné à la bastonnade avec les Forces de l’ordre. Les policiers avaient alors violemment dispersé le rassemblement, faisant une vingtaine de blessés, dont un grave. Plusieurs manifestants avaient été arrêtés.
Une répression qui n’a pas affaibli le mouvement. Dès la semaine suivante, une marche nationale s’est tenue à Oran, rassemblant des centaines de manifestants arrivés des quatre coins de l’Algérie pour réclamer l’abrogation du caractère obligatoire des services civil et militaire.
Une grève déclarée «illégale»
Depuis le 14 novembre, le mouvement a été graduel. Les médecins résidents avaient d’abord opté pour une grève cyclique, tous les lundis et les mardis dans tous les hôpitaux du pays. Mais depuis début janvier, ils n’assurent plus que le service minimum et sont appelés tous les jours au piquet de grève.
Le 24 janvier, cette grève a été déclarée illégale par la justice. Une décision qui oblige théoriquement les grévistes à reprendre le travail, sous peine d’être en situation d’«abandon de poste», passible de sanctions disciplinaires.
Des revendications multiples
Les manifestants réclament notamment l’abrogation du «service civil», les obligeant à exercer entre un et quatre ans dans des zones parfois reculées au terme de leurs longues études (7 ans de médecine générale + 4 ou 5 ans de spécialisation), en plus des 12 mois de service militaire obligatoire pour tous les Algériens.
Ils demandent aussi une réforme de leur formation, la révision du statut de résident et de pouvoir bénéficier, comme les autres Algériens, des dispenses de service militaire après 30 ans.
jeuneafrique.com