L’Algérie ne voudrait pas faire face à une flambée des prix des produits alimentaires qui prévaut dans la région du Maghreb, du fait des effets de la guerre en Ukraine. Ainsi, le gouvernement a pris une mesure interdisant l’importation d’un certain nombre de produits de consommation.
Le sucre, les pâtes, l’huile, la semoule et tous les dérivés du blé sont désormais interdits à l’exportation en Algérie. «Sur proposition conjointe des ministres de l’Agriculture et du Commerce, le président de la République a ordonné l’interdiction de l’exportation de tous les produits de consommation importés par l’Algérie», a indiqué un communiqué de la Présidence algérienne, rendu public dimanche 13 mars.
Le chef de l’Etat algérien a également demandé la criminalisation de l’exportation de ces produits. Il a chargé, à cet effet, le ministre de la Justice de préparer «un projet de loi incriminant l’exportation des denrées qui ne sont pas produites localement», en la qualifiant «d’un acte de sabotage de l’économie nationale». Le gouvernement algérien a pointé du doigt, il y a quelques mois, «les spéculateurs qui stockent les marchandises en vue de créer la pénurie.» Il a même fait voter une loi prévoyant de lourdes condamnations, allant jusqu’à 30 ans de prison, contre les mis en cause. Dans le même sillage, le Conseil des ministres algérien a aussi insisté sur la nécessité de «continuer à interdire complètement l’importation de viande congelée et d’encourager la consommation de viande produite localement».
Si dans le communiqué du Conseil des ministres, les motivations du gouvernement n’ont pas été évoquées, tout porte à croire que ces mesures s’inscrivent dans la stratégie de lutte contre la flambée des prix des produits alimentaires. D’autant plus que depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fournisseurs de blé du Maghreb, les prix de ces produits connaissent dans la région, une augmentation accentuée par une frénésie d’achats avant le ramadan en avril.
De sérieuses craintes d’une pénurie alimentaire
Ces décisions interviennent dans un contexte global marqué par une forte inflation sur certains produits de consommation, la hausse des prix et des pénuries répétitives sur plusieurs produits. D’après la Banque d’Algérie, entre décembre 2019 et septembre 2021, il y a eu une hausse des prix des produits alimentaires et des matières premières d’origine agricole, de respectivement 19% et 2%. Par exemple, le marché de l’huile de table est très perturbé depuis le mois de décembre 2021 en raison notamment de la baisse de la production et de la fin des subventions des produits de base. S’est ensuivie la hausse des prix des pâtes alimentaires, qui ont connu une majoration de plus de 50%.
«La forte inflation devrait persister plus longtemps que ce qui avait été prévu dans l’édition d’octobre des Perspec-tives de l’économie mondiale, car les perturbations des chaînes d’approvisionnement et les prix élevés de l’énergie devraient se maintenir en 2022. Si les anticipations d’inflation restent bien ancrées, l’inflation devrait progressivement diminuer, à mesure que les déséquilibres entre l’offre et la demande s’atténuent en 2022 et que la politique monétaire des principales économies produit ses effets», analyse le rapport du Fmi sur les perspectives de l’économie mondiale, mis en ligne le 25 janvier dernier.
Booster la production locale
Parallèlement à ces décisions, le Président Tebboune a plaidé en faveur de «l’encouragement des agriculteurs qui approvisionnent le stock stratégique de l’Etat en blé dur et tendre ainsi que des céréales, et cela à travers diverses mesures incitatives, notamment un soutien sous forme de prêts, d’engrais et d’autres avantages». «C’est une bonne décision qui a toujours été revendiquée par l’Unpa, car elle permet de protéger la production nationale et d’encourager davantage les professionnels de la filière», a déclaré le Secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (Unpa), Abdellatif Dilmià, à la presse, lors de l’ouverture du Salon international de l’agriculture, de l’élevage et de l’agro-industrie Sipsa-Filaha 2022.
Avec Le Point