Aliou Cissé : «Je suis triste pour cette génération»

Déçu mais serein, le sélectionneur des Lions se projette déjà sur les prochaines échéances après l’élimination des de son équipe hier de la Coupe du monde.
Quelle analyse faites-vous de ce match perdu contre la Colombie et sanctionné par l’élimination du Sénégal dans cette Coupe du monde ?
C’est la loi du football. On ne se qualifie pas parce qu’on a eu beaucoup plus de cartons que le Japon. C’est la loi du sport. Je suis fier de mes garçons. Fier du travail qu’ils ont accompli depuis un bon moment. Aujourd’hui, le Sénégal ne se qualifie parce qu’il ne le mérite pas. Ainsi va la vie. C’est le règlement de la Fifa. On aurait aimé être éliminé autrement. C’est dommage pour nous… Concernant le match, je crois qu’on a globalement bien maitrisé cette rencontre. On aurait pu marquer un but. Malheureusement, dans le football, quand vous avez des occasions et que vous ne les marquez pas, ça ne pardonne pas. Le penalty, je ne sais s’il y avait penalty ou pas. C’est l’arbitre qui décide. Je suis surtout déçu pour mon équipe, pour cette génération, cette équipe-là. Ils se battent tous les jours pour cette Equipe nationale, pour le pays. Ils ont consenti énormément d’efforts. Il faut continuer à les accompagner, à les encourager. Il y a de très belles choses qui nous attendent.
L’élimination est difficile à avaler quand on sait que cela se joue sur une histoire de cartons ?
Bien évidemment ! Il y a des équipes africaines qui ont été éliminées dès la deuxième journée. Je crois qu’il n’y a que le Nigeria et nous qui avions la chance d’accéder au deuxième tour. Il faut aussi qu’on discute des chapeaux. Il n’y a pas une équipe qui se trouve dans le chapeau 1. A chaque fois, c’est compliqué. On joue contre des champions d’Europe, champions du monde. Ce n’est pas toujours évident pour nous. Mais comme je le dis, le football africain est en train de progresser. On n’abandonne pas. On a confiance. On va continuer et je suis sûr et certain qu’il y aura des choses positives qui vont venir. On n’a pas à avoir honte du football qu’on a pratiqué. Le niveau s’est beaucoup rétréci entre les équipes de haut du tableau, disons les grandes équipes et les petites équipes. Je suis sûr et certain que nous sommes sur le bon chemin.
Le Sénégal a encaissé sur un coup de pied arrêté. Est-ce normal à ce niveau de la compétition ?
Quand on prend un but tout court, ce n’est pas normal. On n’a pas envie de prendre des buts. Maintenant, concernant les coups de pied arrêtés, c’est un état d’esprit. Ce n’est pas une question de poids, tactique ou de taille. C’est le premier qui arrive au ballon. Celui est le plus déterminé qui le prend. C’est dommage parce qu’on a beaucoup travaillé les coups de pieds arrêtés offensivement et défensivement. Aujourd’hui, on perd sur un coup de pied arrêté.
Est-ce que vos joueurs étaient au courant que les cartons allaient compter pour la qualification ?
Effectivement ! Notre football, c’est l’engagement. Quand on nous enlève cet engagement, c’est difficile, à un moment donné. Est-ce que ce règlement est cruel, on saura. Mais je ne vais pas demander à mon équipe de rentrer sur le terrain, en pensant déjà à ne pas prendre de carton. Le football est fait de contact. Et ce contact est important dans le football moderne. C’est notre Adn. C’est dommage. !
Qu’est-ce qui a changé au sein de l’équipe entre le premier match contre la Pologne et celui contre la Colombie ?
Il faut quand même reconnaitre qu’on a été conquérants en première mi-temps. Je crois que dans cette première période, si le Sénégal avait mené au score, il n’y aurait rien à dire. La deuxième période, c’est pareil. J’ai vu une équipe qui s’est projetée, qui a eu des occasions, mais on n’a pas pu les mettre au fond. Mais ce n’est pas au niveau de l’état d’esprit, du comportement. J’ai trouvé des garçons confiants qui avaient envie d’aller de l’avant. Mais comme j’ai dit, il y a des nations beaucoup plus conséquentes dans le football mondial aujourd’hui et qui sont éliminées au premier tour. Nous devons continuer à travailler. Le chemin est encore long, mais il y a des très belles choses qui nous attendent avec cette équipe du Sénégal.
Comment avez-vous trouvé l’organisation de la Coupe du monde ?
Magnifique ! J’ai fait une Coupe du monde en tant que joueur au Japon (et Corée du Sud) et aujourd’hui, en Russie en tant que entraîneur. Une belle organisation. Des gens vraiment extraordinaires, disponibles. Je profite pour remercier l’hôtel de Kaluga où on est. Ce fut notre camp de base. Des gens vraiment très disponibles, très aimables. Je crois que c’est une belle Coupe du monde. C’est une bonne publicité pour cette nation.