Autour du thème : «Espace civique sénégalais : enjeux, défis et solutions», plusieurs acteurs de la Société civile ont débattu hier à travers une session de webinaire à l’initiative de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev).

Hier, la Cocidev, en partenariat avec Innovation for change (I4C) et Africa Hub, a tenu un Webinaire sur le thème : «Espace civique sénégalais : enjeux, défis et solutions.» «Sur tout ce qui se passe pratiquement au Mali, nous sommes presque out. La Cedeao, c’est tout simplement aujourd’hui l’affaire des chefs d’Etat. L’enjeu actuel dans le cadre du renforcement de l’espace civique, c’est comment nous pouvons unir nos voix ? Notre voix est devenue faible, notre influence est faible au niveau de la Cedeao, où presque notre voix n’existe plus», a reconnu l‘expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme au Mali, Alioune Tine. Evoquant l’importance du thème dans le contexte actuel, le président d’Africa, Jom center, a soutenu que «nous vivons une crise terrible, une crise de l’Etat de droit, des droits humains, de la sécurité et puis crise des valeurs, et tout cela bien sûr sur fond de Covid-19».
En outre Alioune Tine a déclaré qu’en Côte d’Ivoire, des activistes de droits humains, des membres de l’opposition en prison ont été tués pour avoir manifesté. Si on est universitaire et qu’on n’est pas d’accord sur le 3ème mandat, dit-il, vous pouvez perdre votre liberté de circulation ou être menacé de mort.
En Guinée, poursuit-il, depuis le référendum jusqu’à maintenant, il y a plus de 90 morts, des centaines de personnes en prison. Selon ce dernier, les acteurs devront travailler sur le pouvoir et ses effets, surtout quand on devient accro au pouvoir, travailler également sur les typologies des coups d’Etat.
Pour le coordonnateur du Forum civil, Birahim Seck, «l’enjeu majeur, c’est la globalisation de l’espace civique. Donc l’enjeu majeur ici, c’est une sorte de multilatéralisme des actions en faveur de la protection de l’espace civique, la remise en cause de l’intérêt général. On sent qu’il y a une certaine patrimonialisation des ressources de l’Etat. La mal gouvernance, des pratiques inciviques de l’élite, les menaces sécuritaires et écologiques, tous ces aspects également entrent dans le champ des enjeux par rapport à l’espace civique sénégalais». En ce qui concerne les défis, pour lui, il faut aller à la recherche de données scientifiques actualisées sur la remise en cause de l’espace civique.
De l’avis de Alioune Tine, les acteurs doivent voir comment avoir des alliances pour accentuer les pressions sur les Etats, sur les autorités de manière à faire bouger les lignes. Et pour une Cedeao des peuples, Birahim Seck pense qu’il faut que la liberté des allées et retours soit une réalité sur le terrain. Les autres panélistes, Fatou Jagne Senghor, Directrice régionale d’Article 19 Afrique de l’Ouest, Fatou Sarr Sow, coordinatrice du Caucus des femmes leaders pour la parité, Elimane Kane, président de Legs Africa, et Maïmouna Dieng, directrice exécutive de la Plateforme des acteurs non étatiques ont été presque unanimes sur la mise en place d’un réseau et la nécessité de transmission à la nouvelle génération. Et pour le Secrétaire général de la Raddho, Sadikh Niass, il faut entres autres, prévenir les Etats sur les risques d’amalgame qu’il y a entre défenseurs des droits de l’Homme et terrorisme, abroger les dispositions qui sont attentatoires aux libertés fondamentales, en citant l’arrêté Ousmane Ngom, du nom de l’ancien ministre de l’Intérieur du Président Wade, qui interdit toute manifestation de l’avenue Malick Sy au Cap Manuel de Dakar mais aussi l’article 80 relatif à l’offense au chef de l’Etat.