Le 12 novembre 2018, l’Allemagne a célébré le centenaire du suffrage féminin. Une cérémonie officielle était organisée au musée historique de Berlin, sous la tutelle du ministre de la Famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse, dirigée par la social-démocrate Dr. Franziska Giffey, en présence de la chancelière et de nombreuses personnalités du monde politique, de la société civile, des arts, de la culture et de la science.
Au cours de cette cérémonie, la chancelière Dr. Angela Merkel a affirmé que l’introduction du droit de vote des femmes en Allemagne avait été un «important combat en faveur d’un droit humain et un grand moment de l’histoire de la démocratie».
Au lendemain de la première guerre mondiale, dans le sillage de la proclamation de la République de Weimar, le suffrage féminin est introduit en Allemagne. Les femmes ont pu participer pour la première fois à l’élection de l’Assemblée nationale allemande en janvier 1919 – et elles ont largement usé de leur droit de vote pour plus de 82%, presque autant que les hommes. Lors de son discours d’ouverture, Marie Juchacz, députée nouvellement élue, a dit haut et fort dans son discours ce que des millions de femmes pensaient à cette époque : «Ce que le gouvernement a fait va de soi, il a donné aux femmes ce dont elles ont été jusqu’ici injustement privées.» En octroyant le droit de vote, une erreur fondamentale vis-à-vis des femmes a été corrigée.
Dans son allocution, la chancelière a fustigé la faible proportion d’élues en politique, mais elle refuse de servir d’alibi au manque de femmes dans les instances politiques en utilisant un proverbe bien connu «une hirondelle ne fait pas le printemps… Le fait que je sois (chancelière) ne doit pas servir d’alibi», a-t-elle ajouté.
Elle a ajouté : «Aujourd’hui, plus personne ne rit lorsqu’une petite fille dit qu’elle veut devenir ministre ou chancelière quand elle sera grande.» La chancelière qui vient de céder son poste de cheffe de la Cdu était particulièrement en verve. Elle a insisté sur l’importance de la parité : «Les quotas étaient importants, mais l’objectif doit être la parité partout. En politique, en économie, dans l’Administration, mais aussi dans la science et la culture.»
30,9% de femmes au Parlement allemand, le Bundestag
La chancelière allemande, première femme à tenir les rênes du pouvoir, a fustigé le manque de femmes politiques et leur sous-représentation à la Chambre des députés (Bundestag) où depuis les dernières Législatives de 2017, elles ne sont plus que 30,9% à siéger, contre 36,5% durant la Législature précédente.
Angela Merkel rend hommage à l’Afrique
Angela Merkel a exprimé son admiration pour l’Afrique qui devrait servir de modèle, car dans certains Parlements africains le nombre de femmes excède celui des hommes.
La chancelière a rendu un vibrant hommage à l’Union africaine où la parité est une réalité dans les commissions et aux pays africains comme le Rwanda qui a actuellement le plus grand nombre de femmes au Parlement, 61% ; et vient ainsi en tête du peloton mondial.
«Le nombre de femmes à l’Assemblée nationale du Sud-Soudan serait aussi élevé qu’en Allemagne. Au Rwanda, il s’élève à 61% et au sein de l’Union africaine la parité est de rigueur dans les commissions.»
Avec 30% de femmes au Bundestag, l’Allemagne se trouve au même rang que le Sud-Soudan et peut être considérée comme un pays en développement dans ce domaine. Le nombre de femmes au Parlement national de Berlin «Bundestag» est tombé, il est passé de 37 à 30% pour la période législative actuelle (2017-2021).
La chancelière a ajouté :
«Nous devons faire attention, et ne pas toujours penser en Europe de façon parfois arrogante qu’ailleurs les choses ne fonctionnent pas très bien. Les femmes en Afrique par exemple jouent un rôle considérable. Il est juste que nous voulions les promouvoir à travers notre politique de développement.»
Une plus grande influence des femmes en politique
Les politiciennes des partis politiques au Bundestag plaident pour une plus grande influence des femmes en politique. Les «Verts» (Bündnis 90/Die Grünen) ont toujours exigé une politique des quotas et institué des règles strictes afin de promouvoir les femmes au sein du parti et à la tête de leurs instances politiques avec le principe du duo de la direction composé d’un homme et d’une femme.
Angela Merkel a également déploré la sous-représentation des femmes dans le monde de l’entreprise en Allemagne, louant à l’inverse les Etats-Unis et la France. La chancelière et la ministre fédérale de la Famille ont également déploré la faible représentation des femmes dans les filières axées sur les matières Mint (mathématiques, informatique, sciences naturelles et technique). Franziska Giffey, le ministre fédéral de la Famille, a déclaré que les entreprises d’ingénierie lui rapportent souvent qu’elles ne trouvaient pas de femmes avec les compétences nécessaires. «Cela n’est cependant en aucun cas acceptable à nos yeux», a martelé la ministre. «Il incombe également aux entreprises d’y regarder de plus près.»
Conciliation de la vie professionnelle et familiale
Certes l’Allemagne a parcouru un long chemin en ce qui concerne le rôle des femmes depuis l’élection des premières élues jusqu’à ce jour, mais il reste encore fort à faire.
De nombreuses règlementations telles que le salaire parental, le congé parental, dont bénéficient également les jeunes pères de famille, où le droit à une place en crèche, ont contribué à une bien meilleure conciliation de la vie familiale et du travail, selon la chancelière. Le gouvernement fédéral entend poursuivre ses efforts dans ce domaine et va investir 5,5 milliards d’euros au total dans l’amélioration de la qualité des services de garde d’enfants d’ici à 2022. Une loi a également été introduite, permettant aux hommes et aux femmes de retourner à un poste à temps plein après avoir fait usage de leur droit de travailler à temps partiel pour une période limitée («Brückenteilzeit»).
Œuvrer ensemble pour la justice
Concernant les modifications requises en matière d’égalité des droits, Angela Merkel et Franziska Giffey ont parlé d’une même voix. La chancelière et la ministre sont toutes deux convaincues de l’importance à impliquer les hommes et de les prendre en compte. «Je crois que nous ne pouvons favoriser la justice et l’équité dans notre société qu’ensemble et non les uns contre les autres», a déclaré Angela Merkel.
La ministre fédéral de la Famille, de concert avec l’Académie européenne des femmes en politique, a organisé une campagne virtuelle à l’occasion de ce centenaire avec comme slogan «Se battre pour l’égalité des droits-Et toi ? Pourquoi te bats-tu ?» («Streiten für gleiche rechte – Wofür streitest du ?»)
Parmi les personnalités sollicitées pour ce projet, l’auteur de ces lignes, lauréate du «Prix Helene Weber», et d’autres politiciennes ont pris part à cette exposition qui a été projetée sur écran géant durant la cérémonie.
Dr. Pierrette
Herzberger-Fofana – Professeur de Lettres/ Conseillère municipale
drpherzbergerfofana@gmail.com