L’ancien pape Benoît XVI demande pardon. L’ex archevêque de Munich et cardinal Joseph Ratzinger avant qu’il ne devienne pape, qui serait au courant du passé pédocriminel d’un prêtre, Peter Hullermann, s’est adressé aux victimes hier dans une lettre.Par Aliou DIALLO

– Le «pardon» du pape émérite Benoît XVI aux victimes d’abus sexuels commis sous son mandat. Il l’a fait dans une lettre rendue publique ce mardi 8 février, accompagnée d’une note de ses avocats, qui affirme qu’il n’a pas couvert de prêtre pédocriminel. Le prédécesseur de François, âgé de 94 ans, a ainsi exprimé sa «profonde honte» et sa «de­mande sincère de pardon» aux victimes. Benoît XVI dit : «J’ai eu de grandes responsabilités dans l’Eglise catholique. Ma douleur est d’autant plus grande pour les abus et erreurs qui se sont produits au cours de mon mandat, en différents lieux.»
Cette déclaration intervient trois semaines après la publication d’un rapport accusant Joseph Ratzinger d’inaction face à des violences sur mineurs dans l’archevêché de Munich. En effet, le cabinet d’avocats bavarois, Westpfahl spilker wastl (Wsw), commis par l’Eglise allemande aux fins d’examiner la manière dont les cas d’abus sexuels ont été traités dans le diocèse de Munich entre 1945 et 2019, soutient que le pape émérite Benoît XVI a pris «de mauvaises décisions» dans quatre cas de pédocriminalité lorsqu’il était archevêque de Munich, de 1977 à 1982. Mais l’accusé estime qu’il s’agit d’une «très grande faute», qui peut avoir été commise en lien avec la gestion des cas d’abus sexuels dans l’Eglise catholique. Il ne reconnaît cependant pas de responsabilité personnelle dans cette affaire.
Par ailleurs, Benoît XVI dit avoir «appris à comprendre que nous sommes nous-mêmes entraînés dans cette grande faute, quand nous la négligeons ou ne l’affrontons pas avec la décision et la responsabilité nécessaires, comme il est trop souvent arrivé et qu’il arrive encore», au cours de rencontres avec des victimes.
En fait, 235 auteurs présumés d’agressions sexuelles et 497 victimes ont été recensés par Wsw, dans un long rapport publié le 20 janvier. Le document souligne des manquements de Joseph Ratzinger, le futur Benoît XVI, alors qu’il était archevêque de ce diocèse.