Allemagne – Après le meurtre d’un jeune adolescent sénégalais : Interrogations autour du mobile du crime

Quelques jours après le meurtre, par la police allemande, de l’adolescent sénégalais, Mohamed D., les interrogations autour du mobile du crime ne manquent pas. La plupart des regards interrogateurs sont braqués sur la police, même s’il n’est pas encore établi que la victime détenait par devers elle un couteau avec lequel il aurait menacé les Forces de sécurité venues intervenir. Ce, après l’appel d’un superviseur qui craignait que Mohamed D. ne se tue avec un couteau.
Le meurtre du jeune sénégalais, Mohamed D., qui serait originaire de la Casamance, continue de susciter des interrogations au sein de l’opinion. Tous les regards interrogateurs sont braqués sur la police allemande dont les pratiques sont décriées par les populations, surtout celles étrangères. Ces questions tournent autour de l’absence de coups de semonce, de tirs en l’air, par exemple, pour intimider le jeune garçon âgé de 16 ans et qui était considéré comme mentalement instable, hospitalisé en psychiatrie avant le drame. L’absence d’hésitation de la part des policiers allemands à faire usage de l’arme automatique tout comme un probable tir à bout portant s’il y avait en face un jeune blanc. Mais aussi sur les agissements de la police s’il s’était agi d’un citoyen allemand de couleur blanche et non d’un réfugié africain comme Mohamed D.
Pour le moment, une enquête est en cours. Ainsi, l’agent de police de 29 ans qui a tiré les coups de feu doit s’expliquer devant ses collègues limiers. Une procédure, qui est habituelle, fait-on savoir, dans les cas où un policier tire des coups mortels. Au-delà du drame qui frappe la communauté sénégalaise, il se dit que la police a beaucoup de retard à rattraper dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, et pas seulement à Dortmund.
Toujours est-il qu’une autre interrogation demeure : la victime détenait-elle par devers elle un couteau ? Il appartiendra aux enquêteurs d’y répondre à l’issue de leurs investigations. Puisqu’il est fait état d’une menace avec un couteau dont aurait fait montre le jeune adolescent sénégalais à l’endroit des Forces de sécurité allemandes.
Le fait que 11 policiers allemands n’arrivent pas à maîtriser ce jeune adolescent pousse toujours les uns et les autres à se poser des questions.
Les communautés africaines, surtout celle sénégalaise, exigent que toute la lumière soit faite sur le déroulement de l’opération policière ayant conduit à cette affaire de meurtre. Cette intervention fatale pour le jeune Mohamed D. vient se greffer à une série d’opérations policières, qui ont toutes fini par des morts d’homme, en presque une semaine d’intervalle : à Francfort-sur-le-Main et à Cologne, la police a abattu deux hommes, chacun étant armé d’un couteau, renseigne-t-on. Un homme de 39 ans est décédé, dans la ville d’Oer-Erkenschwick, dans la région de la Ruhr, après que du gaz poivré a été utilisé pour le maîtriser, ajoute-t-on.
Le meurtre de lundi dernier est un acte de trop aux yeux de nombreux étrangers. Ce qui a conduit, du coup, à de nombreuses manifestations contre les violences policières cette semaine, où les manifestants ne manquaient pas de crier «meurtrier, meurtrier» en passant devant les Forces de sécurité.
Mohamed D., un adolescent sénégalais de 16 ans, a été tué le lundi 8 août 2022 de cinq balles tirées par une mitraillette de la police. Les faits se sont déroulés, d’après les informations livrées par le procureur de la localité, lorsque la police a été appelée dans un centre d’aide à la jeunesse du Nord de Dortmund. Cet appel provenait d’un superviseur qui craignait que Mohammed D., un réfugié mineur, qui était seul, ne se tue avec un couteau. Surtout que ce jeune sénégalais est considéré comme mentalement instable, hospitalisé en psychiatrie avant le drame.
Après s’être rendu sur place, un des 11 policiers aurait tiré sur le jeune adolescent, avec une mitraillette, six coups de feu dont cinq qui ont touché le jeune au ventre, à la mâchoire, à l’avant-bras et deux à l’épaule. Mohamed D. va décéder à l’hôpital. Mais le procureur estime qu’«il n’y a aucune preuve qui montre que les policiers ont été attaqués et blessés par le jeune migrant».
Par Mamadou T. DIATTA – mdiatta@lequotdien.sn