Propos recueillis par Khalifa Mbaye DIOP – Alpha Bayla Guèye «ne crache pas sur l’histoire» qui le lie avec son ex-camarade de parti, Barthélemy Dias. Le coordonnateur de Vision socialiste, cellule des cadres du Ps, considère que l’actuel maire de Mermoz-Sacré Cœur a fait ce qu’il a pu depuis 2009. Cependant, M. Guèye, candidat déclaré pour diriger la commune, compte «mieux faire» une fois élu. Dans la partie politique de cet entretien, le responsable des cadres de Benno bokk yaakaar, par ailleurs Directeur général de l’Office des forages ruraux (Ofor), dit compter sur le «grand équilibriste», Macky Sall, pour investir les bons profils.A Mermoz-Sacré Cœur, vous êtes candidat déclaré pour la mairie, est-ce qu’il y a une dynamique autour de vous dans la commune ?

Nous sommes en train de discuter avec tous ceux qui ont l’ambition et qui appartiennent à notre coalition. Nous l’avons même étendu à la Société civile. Comme vous le voyez, depuis quelque temps, nous sommes sur le terrain. J’ai serré la main à un maximum de personnes. La perspective pour que Benno puisse gagner les élections est très forte et j’en suis très conscient.
Par contre, nous devons travailler à gagner ces élections dans l’unité et la cohésion. C’est le seul gage d’une victoire éclatante. Nous avons aujourd’hui une dynamique très forte et impressionnante. Nous sommes en train de faire les quartiers, les maisons… A Sacré-Cœur, Mermoz, Karack…, les populations apprécient beaucoup notre approche, notre profil et surtout notre discours qui peut aider à changer d’échelle de gouvernance locale. J’en suis très conscient. Je suis en train de discuter avec les autres forces de Benno. Nos points de vue convergent sur la nécessité de comprendre les enjeux. Nous n’avons pas commencé à discuter sur la candidature, mais le Ps que je représente dans cette commune a de très fortes prétentions pour diriger la mairie. Bien entendu, dans le cadre de la grande coalition Benno bokk yaakaar.

Dans votre commune, il y la ministre d’Etat, Mariè­me Badiane, la ministre- conseillère, Ndèye Bineta Gassama de l’Apr, ou encore le ministre-conseiller Zator Mbaye de l’Afp. Avez-vous engagé des discussions avec eux ?
Nous sommes en train de nous parler. J’ai parlé avec Madame la conseillère Ndèye Bineta Gassama et Marième Badiane sur ce que nous devrions faire. Là-dessus, je n’ai pas senti d’écart sur l’appréciation de la situation. Maintenant, il s’agit de s’asseoir pour voir le meilleur profil pour gagner la commune. Ce qui n’est pas une mince affaire parce que nous qui sommes du pouvoir, constituons l’opposition dans cette commune. Donc, il va falloir être d’attaque comme je le fais sur le terrain et je demande à tous les responsables de la majorité présidentielle d’en faire autant. Ce qu’il faut éviter, c’est d’en faire une affaire d’appareil. La politique est un fait majoritaire. Elle se gagne par une dynamique et celle-ci, c’est nous qui l’incarnons aujourd’hui.
Il y a beaucoup de gens qui n’avaient pas forcément voté pour le Président Macky Sall en 2019 mais qui croient en notre projet. Les Locales sont une mini présidentielle parce qu’au-delà de la liste, il y a un candidat qui est identifié. Donc, il y a une forte connotation de coefficient personnel. Il ne faut pas qu’on se trompe dans le choix de celui qui sera tête de liste.

Le maire Barthélemy Dias, qui est dans l’opposition, a dit que vous étiez plus compétent que beaucoup de ministres. Etes-vous surpris d’entendre ces propos de la part d’un adversaire ?
J’ai de très bons rapports avec le maire Barthélemy Dias. Je ne crache jamais sur l’histoire. Barthélemy est quelqu’un qui a beaucoup symbolisé la résistance du temps où on était dans l’opposition contre Wade. Moi-même avec lui, plusieurs fois on a été pourchassés de partout dans la banlieue, à Mermoz et c’était dur. On a résisté. La situation politique a fait que nous ne sommes pas tombés d’accord sur le compagnonnage avec Benno bokk yaakaar. Moi, je continue à croire que Ps et Benno sont sur la bonne voie.
La politique est faite de passion mais pas une passion aveugle. Il faut tout le temps garder sa lucidité. Ceci étant, je ne culpabilise personne mais je considère que Barthélemy Dias était un camarade avec qui j’ai partagé beaucoup de choses, beaucoup plus que les autres et je compte garder ces relations. Il a été très précieux pour nous et il y a beaucoup de respect entre nous. Il a dit beaucoup de bonnes choses sur moi et je le lui rends bien. Mais on s’en limite là. Je tiens à mes convictions, je soutiens le Président Macky Sall et je considère que c’est dans l’intérêt du pays.

En tant qu’opposant, est-ce que vous considérez que Barthélemy Dias n’a pas bien travaillé à la mairie ?
Non, je ne peux pas le dire. Il a fait ce qu’il a pu en fonction de ses moyens. Je dois rappeler que la première convention avec une institution financière, c’est la mairie de Mermoz-Sacré Cœur avec le Crédit mutuel du Sénégal, autour d’un crédit de 75 millions. C’était en début de mandat. Après, il s’est débattu comme il a pu. Lui-même a reconnu que lors du premier mandat, il était très étroit du point de vue budgétaire. Mais nous estimons qu’il pouvait mieux faire.
Notre thème, c’est de changer d’échelle de gouvernance. J’es­time qu’au niveau de Mermoz, il y a beaucoup à faire en matière de cadre de vie pour assainir nos rues. En termes de sécurité, nous sommes de plus en plus envahis par une insécurité galopante. Au niveau de la formation, il y a beaucoup de choses à faire. Nous avons beaucoup de jeunes qui ne sont pas formés.
Sur la question de l’emploi, qui n’est pas forcément une compétence transférée, je pense que les municipalités ont un rôle très important à jouer dans l’accompagnement, l’encadrement et le renforcement du leadership local. L’actuel maire a fait ce qu’il a pu et c’est aux populations d’apprécier son bilan. Je considère que c’est quelqu’un de bonne foi dans la gestion de la mairie. Mais il y a beaucoup de critiques sur sa gouvernance qui viennent de Sacré-Cœur et Mermoz.

Avez-vous le sentiment que le Ps est lésé dans ce contexte d’investitures ?
En réunion, nous avons décidé de faire confiance au personnel dirigeant du parti. Mais nous avons demandé à tous les camarades de se préparer. D’ailleurs, quand j’ai commencé certaines activités politiques sous l’étiquette du Ps, j’ai essuyé certaines critiques de la part de camarades de Benno. Il faut que chaque parti en fasse autant dans cette période. Cela permet d’avoir de la visibilité sur les forces en présence au niveau de la base.
Aujourd’hui, la discussion est engagée, et le Président Macky Sall, qui est un grand équilibriste, nous espérons de lui que tous les partis de la majorité seront satisfaits des échanges qui découleront certainement de la Conférence des leaders et vont rejaillir au niveau des départements. Mais nous sentons une forte poussée des jeunes du Ps dans beaucoup de localités. C’est bien parce que nous sentons un regain socialiste très fort. C’est prometteur pour l’avenir.

Le fait qu’on parle de Amadou Ba ou de Diouf Sarr comme candidat de Benno n’est-il pas un recul pour le Ps, qui a occupé le fauteuil de maire de la Ville de Dakar en 2009 et 2014 ?
Pourquoi parler de recul ? Notre premier objectif est de gagner les communes. Il faut que sous le leadership du Parti socialiste, qu’on arrive à gagner des communes dans Dakar.
Aujourd’hui, il y a des communes à portée de main. Il faut d’abord les sécuriser. Nous avons de fortes prétentions à Mermoz, Dakar-Plateau, Grand-Dakar, Hann, Patte D’Oie et même Grand-Yoff, les gens seront surpris. Tout dépendra de qui sera le candidat.
Maintenant pour la Ville de Dakar, le parti ne s’est pas encore déterminé au niveau du département. On est en train de discuter pour voir s’il vaut la peine d’y aller ou pas. Nous sommes dans une coalition. Que le candidat vienne du Ps, de l’Afp ou de l’Apr, c’est pareil. Il faut juste trouver une personne qui puisse embarquer tout le département à la conquête de la Ville. Là-dessus, je pense que le Président Macky Sall nous donnera le bon profil.