Le secteur G de la vallée rizicole du bassin de l’Anambé est pris d’assaut par des oiseaux granivores, qui dévorent tout sur leur passage. Les producteurs, inquiets, appellent au soutien de l’Etat. Dans cet entretien, le Directeur général de la Société de développement agricole et industriel du Sénégal décrit la situation et décline les efforts fournis par la Sodagri pour minimiser les dégâts. Alpha Bocar Baldé a donné des chiffres relatifs aux objectifs de la campagne.Propos recueillis par Abdoulaye KAMARA – Présentez le bassin, la répartition géographique des secteurs, par commune et spécificité de chaque secteur.

Le périmètre du bassin de l’Anambé couvre une superficie de 16 000 ha aménageables et se situe à cheval entre les départements de Kolda et de Vélingara.
Il compte 6 secteurs pour une superficie aménagée de 5000 ha sur les 16000 ha aménageables. Les secteurs 4 et 2, et une grande partie du secteur 5 sont situés dans la commune de Medina Chérif, dans le département de Kolda (soit 50% de la superficie totale aménagée). Une partie du secteur 5 se trouve dans la commune de Kandia. Le secteur 3 se trouve dans la commune de Diaobe-Kabendou. Le secteur G est partagé entre les communes de Kandiaye et de Sare Coly Sallé.

Le secteur G fait, actuellement, face à une invasion d’oiseaux granivores qui anéantissent les efforts des producteurs. Pourquoi là-bas et pas ailleurs ?
Les oiseaux granivores font plus de dégâts au secteur G par rapport aux autres secteurs, parce que leurs dortoirs sont localisés dans cette partie qui est contiguë au lac waïma.
Cette calamité a pour conséquence la baisse des rendements escomptés.

Quelles solutions avez-vous proposées pour minimiser les dégâts ?
La première solution proposée reste les interventions de la Direction de la protection des végétaux (Dpv). Une réunion a été tenue le 30/11/2022 au niveau du secteur G entre le chef de la Division suivi-évaluation de la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (Sodagri), par ailleurs responsable du périmètre, et le chef de Service régional de Kolda de la Dpv en présence du coordonnateur de la Féproba (Fédération des producteurs du bassin de l’Anambé) et les producteurs pour harmoniser sur la stratégie d’intervention de la Dpv. Il  a été arrêté lors de cette réunion de dégager la piste d’accès aux dortoirs des oiseaux, ce qui a été fait par l’entreprise qui a en charge l’aménagement du secteur et enfin d’impliquer les producteurs dans la conduite des opérations de traitement. Les traitements ont démarré le jeudi 1er décembre et sont en cours. Les résultats obtenus sont satisfaisants. Par ailleurs, il faut signaler que la Dpv avait déjà fait un premier passage il y a deux semaines de cela, elle a traité pendant plusieurs jours sur l’ensemble des secteurs, y compris le secteur G, il s’agit donc de leur deuxième passage.
La deuxième, c’est l’accélération des récoltes. Pour accélérer les récoltes, nous avions proposé aux producteurs de faire appel aux moissonneuses à chenille du Nord (la vallée du fleuve) en inactivité. Le ministre, Aly Ngouille Ndiaye, a proposé de prendre en charge le transport des machines de Saint-Louis à Soutouré (Base de la Sodagri), et le carburant pour les récoltes. Malheureusement, cela a traîné, car les producteurs n’étaient pas d’accord de payer 80 000 francs/l’hectare, alors même que dans les vallées, les récoltes manuelles sont facturées entre 60 000 et 80 000 francs/l’hectare, comme les producteurs vous l’ont si bien dit. Aujourd’hui, il y a 8 moissonneuses à chenille supplémentaires qui sont venues en renfort, 3 autres doivent arriver dans le week-end en principe, ce qui fera un total de 11 moissonneuses à chenille supplémentaires, qui viennent s’ajouter aux 7 moissonneuses à chenille disponibles dans la vallée dont 4 ont été acquises dans la cas du fonds Covid-19 mis en place par le chef de l’Etat en 2020, et les douzaines de moissonneuses pneumatiques qui commencent timidement à récolter depuis quelques jours. Sur cela, en rapport avec les présidents des 4 Unions qui gèrent les récoltes, notamment en matière de programmation et de paiement, nous avons mobilisé 5 moissonneuses-batteuses au niveau de ce secteur G : 4 moissonneuses à chenille dont 3 machines des prestataires qui nous viennent de Saint-Louis et 1 moissonneuse pneumatique d’un privé. Et l’on espère que dès la semaine prochaine, la moissonneuse pneumatique de l’Union sera opérationnelle.
Il faut noter que c’est le seul secteur qui a ce nombre important de machines surplace, et que pour la première fois de l’histoire de ce secteur, autant de superficies ont été emblavées, soit environ 900 ha.
La troisième solution consiste à faciliter l’acquisition de nouvelles machines. L’Etat continue son effort de mécanisation de l’agriculture, vous avez suivi mon patron, le ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, dire à l’Assemblée nationale que, exceptionnellement pour 2023, plus de 50 milliards sont destinés au matériel agricole. En plus de cela, nous sommes en train de mettre en place, en collaboration avec la fondation syngenta, les Centres d’exploitation des machines agricoles (Cema). Avec l’appui de notre projet Tiers Sud Bey Daaré, mais aussi avec le crédit-bail proposé par La Banque agricole (Lba) et Locafrique, nous allons aider à équiper ces centres au bénéfice des producteurs. Je signale que nous avons déjà 2 producteurs qui ont été accompagnés en moissonneuses- batteuses à chenille par le crédit-bail Lba, ces machines sont en plein régime de récolte présentement.

Pour cette saison des pluies, quelle est la surface totale emblavée dans le périmètre de l’Anambé ? Quelle est la production attendue à Vélingara et puis dans les autres zones de compétence ?
Pour cette campagne agricole, à travers le Programme national de l’autosuffisance alimentaire en riz (Pnar), nous avions mis en place plus de 8000 tonnes de semences certifiées. Nous suivons ainsi une superficie emblavée de près 222 500 ha toutes spéculations confondues dans les 5 régions de notre zone d’intervention et repartie comme suit : 203 788 ha de riz pour une production attendue de plus de 850 000 tonnes de riz paddy ; 18 172 ha de maïs. Entre autres spéculations, nous avons le sésame, le fonio, en plus de la filière banane et lait que nous accompagnons à travers notre projet Tiers Sud et nos partenaires.
Pour le département de Vélingara, 31 260 ha de riz pluvial ont été emblavés dans les plateaux les vallées et les bas-fonds, pour une production attendue de 93 700 tonnes de riz paddy.
Pour le périmètre de l’Anambé, 4100 ha ont été emblavés au total, nous attendons une production de riz paddy de 20 700 tonnes.