De l’analphabétisme à la société du savoir et de la connaissance, quelle stratégie ? La question a réuni hier experts, enseignants, chercheurs et acteurs de la Société civile, pour dégager des stratégies durables. C’est une initiative de la Coordination nationale des organisations actives en alphabétisation et Education non formelle (Cnoa-Enf) qui entre dans le cadre de la célébration du Mois national de l’alphabétisation (Mna, septembre 2025).Par Badé SECK – 

Le Sénégal, à l’instar de nombreux pays, poursuit sa lutte contre l’analphabétisme et œuvre pour la promotion d’une éducation tout au long de la vie. C’est dans ce cadre que la Coordination nationale des organisations actives en alphabétisation et Education non formelle (Cnoa-Enf) a tenu une table ronde sur le thème : «De l’analphabétisme à la société du savoir et de la connaissance.» L’objectif global, selon Mor Diakhaté, coordonnateur de ladite structure, est de réfléchir sur les voies et moyens de franchir le pas, de l’analphabétisme à la société du savoir.
Cette initiative s’inscrit également dans la dynamique internationale portée par l’Unesco, qui a retenu pour la Journée internationale de l’alphabétisation 2025 le thème : «Pro­mouvoir l’alphabétisation à l’ère du numérique.» Ce choix souligne la nécessité d’adapter les systèmes éducatifs et les stratégies curriculaires aux enjeux du numérique afin de garantir une éducation inclusive et durable.

Trois panels ont rythmé la rencontre, réunissant experts, enseignants et acteurs de la Société civile. Il s’agit de discuter des stratégies curriculaires pour l’éducation inclusive et durable, du rôle des langues nationales et des compétences de vie, et de l’innovation pédagogique et numérique éducative. Cela vise à favoriser un dialogue inclusif, analyser les causes persistantes de l’analphabétisme et leurs implications sur le développement national, identifier les approches curriculaires les plus adaptées pour répondre aux besoins éducatifs de tous les publics, partager des expériences nationales et internationales réussies pour enfin formuler des recommandations afin de renforcer les systèmes éducatifs dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie.

Au terme des échanges, il a été retenu la nécessité d’aller vers une société du savoir. Mais comment y parvenir ? Le premier élément, selon Ngary Faye, inspecteur de l’Education à la retraite, par ailleurs modérateur des panels, est d’abord de clarifier les concepts. «Que tout le monde comprenne ce qui se dit. L’autre aspect, selon lui, est quand le numérique est obligatoire, nous devons nous préparer à pouvoir l’adopter, le maîtriser. Et dans ce cas, il faut des rencontres inclusives au niveau de toutes les communautés de ce pays-là. Pour que les gens soient informés, soient sensibilisés et qu’ils puissent adhérer.
C’est à partir de ce moment qu’on pourra élaborer une politique d’éradication de l’analphabétisme.»

Poursuivant, M. Faye souligne une volonté politique qui, aujourd’hui, doit se traduire en ressources financières, matérielles et humaines. «Le secteur a besoin de ressources. Et je crois que c’est cette dynamique qu’il faut inverser pour permettre que les moyens qui contribuent à la mise en œuvre d’une société du savoir puissent être assemblés, tant par l’Etat que par les partenaires», dit-il. Selon Mbacké Diagne, un des panelistes et Inspecteur général de l’éducation et de la formation, quand on parle d’alphabétisation, on sous-entend les langues nationales. Elles vont de pair. Mais, pour lui, il faut comprendre que c’est lorsque nous aurons de bons programmes d’alphabétisation pour développer un environnement lettré que la promotion des langues nationales à l’école pourra se développer et se promouvoir.
La rencontre, riche en perspectives, rappelle que le passage de l’analphabétisme à la société du savoir reste un défi collectif, mais aussi une opportunité pour bâtir un Sénégal plus inclusif et compétitif.

La Coordination nationale des organisations actives en alphabétisation et Education non formelle (Cnoa-Enf) regroupe près de 250 organisations de base réparties dans les 46 départements du pays, œuvrant pour l’alphabétisation, la formation professionnelle par apprentissage et l’éducation non formelle.

Elle promeut une éducation inclusive, plurilingue et de qualité, et agit comme cadre de concertation, de dialogue politique et de plaidoyer auprès des autorités nationales et des partenaires. Historiquement, la coordination a accompagné l’Etat du Sénégal dans la mise en œuvre de la stratégie du faire-faire, la mise en œuvre sur le terrain des programmes d’alphabétisation fonctionnelle à destination des populations marginalisées.
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