L’heure est à la guerre des chiffres,  on attend Amadou Ba dans la démarcation et l’originalité, mais il sert du réchauffé et du déjà-vu. Après avoir mûrement réfléchi, le Président Macky Sall décide de se retirer de la course pour la Présidentielle de 2024.

Il est vrai que pour la plupart des pays qui accusaient un grand retard, et qui ont par la suite réussi à réaliser une performance économique soutenue, il a fallu accorder un temps assez correct à ces magnats du progrès pour qu’ils puissent réaliser les ambitions de développement de leurs pays. Mais les choses se déroulent autrement ici où on tient encore aux deux mandats présidentiels, tel qu’il est recommandé dans la Constitution du Sénégal. Et cela devient une question de principe et de valeur démocratique, que les Sénégalais tiennent à conserver, pour le moment et à tout prix. Maintenant on peut bien se poser des questions, sur le candidat Amadou Ba, à cause de sa chasse aux parrains qui est annoncée en grande pompe dans les médias classiques et plusieurs supports de communication modernes.

Il est annoncé à ce propos le chiffre de plus de 3 millions 700 000 parrains au profit du candidat Amadou Ba.  Au moment où le nombre d’inscrits sur les listes électorales est de 7 millions 300 000. Si on fait le calcul, le parrainage de Amadou Ba dépasse la moitié des inscrits sur les listes électorales. Et on peut bien croire que le camp du pouvoir tente par-là, de prouver que son candidat, Amadou Ba, est crédité d’un score, qui est légèrement au-dessus de la moyenne, et qu’il va remporter dès le premier tour la Présidentielle de 2024.

Ce qui veut encore dire que Amadou Ba est plus populaire que Macky Sall dans le pays. Amadou Ba qui semble dire qu’il a le vent en poupe, et qu’il emporte tout sur son passage, doit pourtant faire très attention! Il faut rappeler que malgré la pléthore de mouvements de soutien qui étaient derrière le Président Abdou Diouf, il n’avait pas réussi à remporter  la victoire à la Présidentielle de 2000. Un journaliste de la place qui s’était aventuré à recenser le nombre d’adhérents qui étaient dans les mouvements de soutien comme le Cosapad, le Conagrisapad et autres, s’était vite rendu compte que le nombre de ceux qui émargeaient dans ces mouvements était supérieur à la population du Sénégal.
Abdou Diouf a pourtant été averti, par son conseiller, le publiciste Jacques Séguela, qui l’avait mis au courant du vent de changement qui soufflait dans le pays. Abdou Diouf quittera ainsi le pouvoir, après avoir proposé aux Sénégalais un changement dans la continuité. Et c’était sans compter avec la réplique cinglante du baroudeur politique Abdoulaye Wade, qui lui avait fait savoir que «Sopi Amna borom» (le changement a un propriétaire). Le camp du pouvoir qui jubile avant le démarrage de la compétition électorale doit surtout jouer la carte de la prudence, car une élection présidentielle se gagne à travers les urnes, et non par une hasardeuse opération de charme ou un coup de communication pour se donner bonne conscience. Donc le fait de vouloir coûte que coûte gonfler les chiffres, pour tromper l’opinion publique, peut au finish être catastrophique pour le candidat de la mouvance présidentielle, Amadou Ba.
Derrière cette réflexion qui peut sembler simpliste se joue pourtant le destin politique d’un candidat, Amadou Ba, qui semble utiliser toutes les astuces et tous les subterfuges des politiciens classiques pour accéder au pouvoir. Au moment où il était attendu de lui, d’autres stratégies et tactiques politiques, au lieu de reprendre à l’aveuglette, et donc sans innovation ou créativité, ces méthodes surannées et vachement improductives, de ces politiciens ringards et en manque d’inspiration.

Amadou Ba engage une dernière étape vers le pouvoir, et cela ne sera pas facile pour lui, car le chemin est parsemé d’embûches et d’incertitudes, pour quelqu’un qui, jusque-là, a toujours eu de la chance.

NB- Nous avons tenu à lui consacrer ces quelques lignes, en attendant la série de publications dont celui-ci est le premier article, afin de voir quels sont ses forces, ses faiblesses, ses chances, ses handicaps ou désavantages, pour un homme qui aspire à diriger le Sénégal.
Babacar Papis SAMBA 
Auteur et Adepte de la pensée complexe