Loyauté ? Amadou Ba a été soupçonné d’être de mèche avec l’opposition pour déstabiliser le régime de Macky Sall. Il avait tenu à s’expliquer sur cette question, dans l’émission Jury du dimanche sur Iradio, un matin de 29 décembre 2019, devant le micro du journaliste Mamoudou Ibra Kane, et il avait répondu comme suit : «Je suis un haut fonctionnaire. La loyauté est une vertu avec laquelle je ne transige pas. Je ne peux pas être dans un parti, être membre du Secrétariat exécutif d’un parti, avoir la confiance du chef de parti, travailler pour sa réélection, et en même temps mettre en œuvre une politique contraire pour donner des moyens ou ressources à quelqu’un qui cherche à détruire le système.»

Le débat était provisoirement clos, avant qu’il ne réaffirme sa conviction, le 6 novembre 2020, lors de sa passation de services, en tant que ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, et il avait encore dit ceci : «Aucune pression ne peut faire varier ma considération et ma reconnaissance à l’endroit du chef de l’Etat… Je suis un haut cadre de l’Etat et je suis à la disposition du président de la République…»

Il serait également bon de rappeler que pendant une longue période, Amadou Ba n’avait pas cité le nom de Macky Sall, préférant parler de l’Etat, du président de la République, de commis ou de serviteur de l’Etat. Amadou Ba n’avait-il pas montré par-là que pour lui, les institutions de la République priment sur tout le reste ?

On peut encore se demander comment quelqu’un qui a des réseaux dans tous les compartiments de la société, dans les médias, les chancelleries et les institutions internationales, n’a pas succombé très tôt aux sirènes du pouvoir ? Même s’il est vrai que l’ambition présidentielle de Amadou  Ba n’a pas été ouvertement envisagée, comme elle n’a pas été totalement exclue.
Quid de sa richesse ? La richesse de Amadou Ba est un secret de polichinelle. On peut dire qu’il est riche, et énormément riche.

Pour son capital financier, ça ne court pas les rues. Certains se posent alors la question du quand et du comment de sa grande fortune ! Même si on sait qu’il a eu à occuper de hautes fonctions, de prestige et de responsabilité, et pas n’importe lesquelles.

Atouts. Il y a trois choses qui peuvent servir en politique : l’avoir, le savoir et le pouvoir. Et Amadou Ba n’est pas dépourvu de ces trois attributs. Amadou Ba a encore montré à travers sa trajectoire, le caractère de quelqu’un qui ne se morfond pas, ne vitupère pas et ne vocifère pas.

Handicaps. Il est reproché à Amadou Ba sa grande implication, en tant que ministre de l’Economie, dans la mise en œuvre d’une politique économique qui mettait au-devant les intérêts des entreprises étrangères au détriment du privé national et de la préférence nationale.

Il est même dit que durant les cinq ans qu’il était aux commandes, comme argentier de l’Etat du Sénégal, les plus grands marchés de l’Etat ont été octroyés à des entreprises françaises, turques ou chinoises.

Amadou Ba peut aussi s’attendre à des critiques sur sa part de responsabilité dans la mauvaise gouvernance du régime Macky Sall. Et il ne pourra pas défendre aussi facilement que le Président Macky Sall est le seul comptable de sa politique.

A moins qu’il décide de surfer sur le ton du discours qu’il avait tenu, en tant que Premier ministre, à l’Assemblée nationale. Ce jour-là, Amadou Ba avait soutenu, devant les députés, que le Sénégal est toujours sur la ligne de départ, sur beaucoup de questions, et que tout est pratiquement à refaire ou à parfaire dans ce pays. Comme pour dire que les défis à relever sont encore énormes, malgré les bonnes réalisations et les projets futurs du Président Macky Sall.
Alors Amadou Ba serait-il à l’aise pour montrer qu’il est prêt à apporter les ruptures qui s’imposent dans ce pays, sans heurter la sensibilité du Président Macky Sall ?
That’s the question !
Babacar Papis SAMBA
Auteur et Adepte de la pensée complexe
papissamba66@gmail.com