Le ministre de l’Economie, des finances et du plan a ouvert le marathon budgétaire ce samedi. Devant des députés préoccupés par la situation d’endettement du pays, le ministre a tout simplement demandé que l’on mette fin à ce débat.

Pour l’année 2018, le budget du Sénégal passe à 3 709,1 milliards de francs Cfa contre 3 360 milliards pour le précédent exercice, soit une hausse de 10,4%. Mais ce samedi, seuls les députés de la majorité présidentielle ont voté pour. Me Madické Niang et ses alliés du groupe des non-inscrits ont ainsi choisi de voter contre le projet présenté par le ministre de l’Economie, des finances et du plan, Amadou Ba, qui a ouvert samedi dernier le marathon budgétaire. Mais avant d’en arriver aux votes, les débats ont beaucoup porté sur l’endettement du Sénégal. Au point que le ministre de l’Economie a exprimé son ras-le-bol. «De grâce, arrêtons ce débat sur la dette !», s’est écrié le ministre en répondant aux interpellations des députés. Il faut dire que pour l’année à venir, l’encourt de la dette publique totale est passé de 4 597,7 milliards de francs Cfa en 2015 à 5 312,1 milliards de francs Cfa en fin décembre soit un accroissement 15,5% et un ratio par rapport au Produit intérieur brut (Pib) de 46,5%, souligne le rapporteur général Djimo Souaré.
En outre, le service de la dette va couter au pays 8 39,8 milliards de francs Cfa. Pour le député Dethie Fall, cela montre que «le rythme de progression de la dette est trop rapide». Me Madické Niang embraille en soulignant que le pays emprunte pour payer ses dettes.
Face à ses interpellations, la réponse du ministre est sans nuance. «Il a été beaucoup question de la dette aujourd’hui. Le Sénégal est un pays particulier ou en fonction du climat, on est spécialiste de tout, on parle de tout. Et malheureusement, souvent on parle de choses qu’on ignore. Il n’y pas un Etat qui ne s’endette pas. L’évaluation commence quand on parle de surendettement», tempère Amadou Ba. Il explique qu’en 2011, avant que le Président Macky Sall n’arrive au pouvoir, le Sénégal avait fait un Eurobond de 500 millions de dollars à 8,75% «parce que les réalités économiques ne permettaient pas au pays d’avoir un taux meilleur».
En 2014, le Sénégal est retourné sur le marché pour le même montant avec un taux de 6,25% cette fois. «Dire que la situation du pays ne s’est pas améliorée, qu’il n’y a pas de croissances, que les ressources n’ont pas été utilisées a bon escient, c’est méconnaître les règles des investisseurs internationaux. Le Sénégal n’est pas surendetté, le Sénégal n’emprunte pas comme il l’entend. Il emprunte pour mettre en œuvre sa vision», souligne le ministre. Il poursuit en expliquant que les résultats de cette politique se font déjà sentir, puisque le taux de croissance, projeté à 6,8% en 2017, sera certainement atteint. «Les tendances lourdes sur les 9 premiers mois montrent que le secteur non agricole a cru de 6% et les premiers résultats de la campagne agricole laissent penser qu’il y aura une production record», se réjouit le ministre en mettant en avant que le Budget consolidé d’investissement sera de 1 339,5 milliards de francs Cfa, soit une hausse de 114,3 milliards. Dans ce Bci, l’Etat du Sénégal prévoie l’exécution de 713 projets et programme de développement dont les 635 sont des projets en cours et 78 projets nouveaux.

Un budget social en 2018
Ces projets et programmes de développement constituent le corpus de ce que les autorités ont appelé Budget social. Une initiative qui a soulevé beaucoup de débats dans l’Hémicycle où les députés de l’opposition ont souligné le caractère politique de l’initiative. Pour le Libéral Serigne Cheikh Mbacké, il s’agit plutôt d’un «budget politique» destiné à préparer la Présidentielle de 2019. Ce que réfute le ministre de l’Economie. «Le budget est au service d’une vision», dit-il, en soutenant que les «Sénégalais économiquement faibles méritent d’être soutenus».
Pour cette année, le programme des bourses de sécurité familiale est doté de 40 milliards, 30 autres milliards iront à la Délégation à l’entreprenariat rapide (Der) tandis que le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) se voit allouer un budget de 16 milliards 500 millions de francs Cfa. «Cela ne veut pas dire que ces ressources vont être distribuées à mes amis et moi. Des règles très strictes seront établies», indique le ministre de l’Economie. Il rappelle par ailleurs que le Programme national d’autosuffisance en riz (Pnar) sera doté de 54 milliards, tandis que l’autoroute Ila Touba est budgétisé à hauteur de 20 milliards et 24 milliards pour le Train express régional (Ter).

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