Amadou Sall, administrateur général de l’Institut Pasteur de Dakar : «Ce n’est pas raisonnable de faire un dépistage massif»
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Le Sénégal ne dispose pas des capacités à pouvoir faire un dépistage massif au coronavirus, d’après l’administrateur général de l’Institut Pasteur de Dakar, AmadouSall. Devant le «Grand jury» de la Rfm hier, il a déclaré que tous les tests au Covid-19 sont gratuits.
Dans le monde scientifique, le débat divise alors que les pratiques diffèrent d’un pays à l’autre. Si la Corée du Sud, l’Allemagne pratiquent le dépistage massif, la France et le Sénégal privilégient les cas suspects. «Ce n’est pas raisonnable», explique l’administrateur général de l’Institut Pasteur de Dakar, Amadou Sall. Selon lui, le pays n’a pas les capacités du point de vue des tests, de la logistique, de l’organisation. La deuxième raison pour laquelle il faut exclure ce dépistage massif, donc généralisé, est la suivante : «On sait que les gens qui transmettent le plus sont ceux qui ont les symptômes. Et dans notre stratégie, ces gens-là sont très vite identifiés, testés et isolés.» Hier, face au «Grand jury» de la Rfm, le patron de l’Institut Pasteur a révélé que plus de 2 113 tests ont été faits par ses services depuis l’apparition de la maladie au Sénégal le 2 mars 2020. Cela concernait des patients soit, dit-il, qui étaient déjà hospitalisés, soit il s’agissait justement de cas suspects, c’est-à-dire des gens qui présentaient les symptômes et sur lesquels pèse une suspicion.
Dans le même sillage, il a souligné qu’un test au laboratoire où il faut le répéter prend entre 1h et 3h. Et d’après toujours M. Sall, l’Institut Pasteur s’est organisé pour effectuer 500 tests par jour. Il compte ajouter des capacités supplémentaires pour aller à 1 000 tests quotidiennement.
Par ailleurs, il a réagi par rapport aux supposés prix des tests qui seraient de 50 mille francs Cfa. «Quand des tests sont faits au niveau de l’Institut Pasteur, ils sont totalement gratuits au niveau de tout ce qui est santé publique. Tous les tests sont gratuits. Maintenant, c’est des tests qui ont un coût. L’Institut Pasteur s’organise avec le gouvernement et des bailleurs pour justement financer cette activité. Mais celle-ci n’est pas faite pour du bénéfice. Elle est faite à un prêt coûtant. Lorsque vous entendez 50 mille francs Cfa, ce n’est pas que l’Institut Pasteur à des factures de 50 mille francs Cfa. Ça coûte 50 mille francs Cfa à l’Institut Pasteur en termes de réactifs, de personnels, de temps etc.», précise-t-il. Il a aussi salué l’entrée en jeu dans les tests des patients de l’Institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et de formation (Iresef) du Pr Souleymane Mboup. Il a également répondu au chercheur français Jean Paul Mira qui a révélé que des vaccins contre le Covid-19 pourraient être testés en Afrique. «Nous protégeons nos pays, nos populations contre des initiatives hasardeuses. On ne peut pas du tout souscrire au fait que des Africains soient des cobayes. Ça, ce n’est absolument pas question», assure-t-il. Toutefois, il reconnaît qu’ils suivent toutes les initiatives autour d’un vaccin contre le coronavirus.