Serigne Sidy Mokhtar Mbacké a laissé derrière lui des ouvriers, des talibés et le personnel de la mosquée Massalikoul Djinane, implantée au cœur de Colobane, dans la profonde douleur. L’ambiance y est morose. Les visages tristes. Et les pas comptés. Les travaux sont suspendus. Sur l’esplanade de la mosquée, un groupe de talibés s’installe sous une tente. L’un d’entre eux, Moussa Diouf, habillé en «baye lahad», s’adonne la lecture de khassaïdes à la mémoire du grand concepteur de ce joyau dont l’essentiel des travaux était déjà fait. A l’intérieur de la mosquée, les oiseaux gazouillent. Et les voix de quelques rares personnes emplissent l’atmosphère. Sur l’espace de prière, l’assistant du coordonnateur des travaux, Abdou Khadre Fall, trouve difficilement les mots pour raconter sa peine. «J’ai un sentiment de tristesse. Je n’arrive même pas à trouver les mots. Nous sommes vraiment attristés du rappel à Dieu du khalife général», regrette-t-il avec une voix basse. En attendant la fin du deuil, les travaux sont suspendus : «Presque l’ensemble des travailleurs sont des Mourides et ont senti le besoin de partir à Touba pour présenter leurs condoléances. Je devais aussi y être depuis hier (mardi) avec Mbackiou Faye (représentant du khalife à Dakar), mais malheureusement j’attends un conteneur et ensuite je partirai le rejoindre pour ces 3 jours afin de partager ces moments de peine et douleur avec toute la communauté mouride.» Selon Babacar Ndiaye, jeune étudiant mouride, la nouvelle est tombée comme un couperet. «Je suis attristé. J’ai appris la nouvelle vers 2 heures du matin. Et depuis, je n’ai pas pu dormir. J’étais en train de lire des khassaïdes et faire du zikr jusqu’à l’aube. Et j’ai pris d’assaut la mosquée Mas­sali­koul Djinane pour prier pour le khalife», dit-il, reconnaissant qu’il était un homme «énigmatique, unificateur et surtout très social».
Stagiaire