Après la construction d’un quartier pour les mineurs et d’une infirmerie, l’ambassade de Suisse au Sénégal, en partenariat avec l’Association «Pour le sourire d’un enfant», vient de doter la Maison d’arrêt et de correction de Thiès, d’une nouvelle infrastructure dédiée aux détenus jeunes majeurs primo-délinquants âgés entre 18 et 21 ans. L’objectif d’une telle démarche, explique Mandio­guou Ndiaye, juge au Conseil constitutionnel, est d’éviter le contact des mineurs aux délinquants beaucoup plus chevronnés et de lutter ainsi contre la récidive. Le vice-président de l’As­sociation «Pour le sourire d’un enfant» de renseigner que dans la région de Thiès «depuis environs 5 ans, le phénomène des bandes organisées, liées notamment à la multiplication des Jakarta, s’est énormément développé et réunis indifféremment, dans un même groupe, des jeunes de 17 à 21 ans, les uns mineurs les autres jeunes adultes». Il s’agit donc, pour lui, avec la construction de ce nouvel espace, «d’étendre aux jeunes adultes primo-délinquants la même démarche que nous adoptons pour les mineurs depuis de nombreuses années : ‘’Faire du temps de détention un temps de reconstruction.’’». Toute démarche qui vise, selon lui, à préparer dans les meilleures conditions, la réinsertion de ces jeunes. Em­bouchant la même trompette, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Me Sidiki Kaba, d’indiquer que ce nouvel espace permet de respecter davantage le principe de la séparation des catégories pénales conformément à la règle 11 de l’ensemble des règles minima des Nations-Unies pour le traitement des détenus. Laquelle règle «Nelson Mandela», souligne-t-il, «précise que cette séparation devra toujours tenir compte des considérations liées à l’âge, au sexe, aux antécédents judiciaires, au motif de l’incarcération ainsi qu’aux exigences liées au traitement des détenus». Il ajoute que la construction d’un quartier spécial pour les jeunes majeurs primo-délinquants «mon­­trent tout l’intérêt qui doit être accordé à cette catégorie souvent oubliée, car étant sortie de l’enfance et n’étant pas encore tout a fait adulte. Les séparer des adultes dans la détention, leur donnera plus de chance d’éviter la récidive, mais aussi et surtout permettra à l’administration pénitentiaire de leur accorder plus de temps pour qu’ils réussissent leur réinsertion sociale». Saluant la rénovation et l’équipement de ce nouveau quartier des jeunes adultes de la Mac de Thiès qui vient, dit-il, s’ajouter aux réalisations antérieures de l’Association «Pour le sourire d’un enfant», à savoir le quartier des mineurs et l’infirmerie, Maitre Kaba d’indiquer que l’appui de la Coo­pé­ration suisse, cons­tamment apporté à la Direc­tion de l’administration pénitentiaire, «cadre parfaitement avec la volonté politique clairement affichée par son excellence, Monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal, de doter notre pays d’une politique carcérale performante visant l’amélioration qualitative des conditions de travail des agents pénitentiaires mais aussi d’humaniser davantage les prisons en assurant quotidiennement aux détenus, toute la dignité à laquelle ils ont droit». Laquelle vision du chef de l’Etat, selon le ministre de la Justice, «s’est traduite ces dernières années par le projet de construction de prisons répondant aux standards internationaux, dont le plus emblématique est un établissement pénitentiaire moderne de 1 500 places à Sébikotane». Dans ce cadre, informe-t-il, «une enveloppe de 3,5 milliards de francs Cfa a été inscrite dans le budget de 2017». En attendant, poursuit le ministre Sidiki Kaba, «une prison moderne de 500 places sera bientôt réceptionnée sur le même site à Sébikotane. Elle servira à décongestionner la prison de Rebeuss». Sans compter, la réhabilitation des 37 établissements pénitentiaires du pays pour un coût global de 211 millions de F Cfa inscrit dans le budget 2017, ajoute-t-il. Ce, dit-il, «pour assurer de meilleures conditions de détention aux détenus». A cela s’ajoute le renforcement des effectifs du personnel pénitentiaire avec notamment le recrutement de 150 agents qui ont été formés en 2016 ainsi que 200 autres agents dont la formation a démarré. Aussi l’allocation journalière destinée à la bonne prise en charge alimentaire des détenus qui a été relevée de façon très significative en passant de 650 F Cfa en 2014 à 1 000 F Cfa en 2016, fera savoir Me Kaba. Qui renseigne que cette dite allocation journalière des détenus sera portée de 1 400 F Cfa. Il annonce, par ailleurs, qu’avec l’accompagnement et l’engagement de l’As­sociation «Pour le sourire d’un enfant», le quartier des femmes de la Mac fera bientôt peau neuve à son tour, avec l’achèvement dans les prochaines semaines, des travaux de construction et de rénovation d’un nouveau quartier dédié aux jeunes filles mineures et aux mères avec leurs enfants à bas âge.
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