483 personnes ont été exécutées en 2020 dans des pays ayant recours à la peine de mort. Amnesty international, qui donne l’information dans son dernier rapport, souligne que le nombre d’exécutions n’a jamais été aussi bas depuis 10 ans.Par Dieynaba KANE

– La pandémie n’a pas empêché les pays ayant recours à la peine de mort de procéder à des exécutions en 2020. Dans le dernier rapport d’Amnesty international sur le recours à la peine de mort dans le monde, il est noté que 18 pays ont procédé à des exécutions en 2020. Dans cette liste, on retrouve des pays comme l’Egypte où «le nombre d’exécutions a triplé par rapport à 2019». En Chine, l’organisation des droits humains a découvert que «la répression annoncée des infractions liées aux mesures de prévention visant à juguler la pandémie de Covid-19 a abouti à la condamnation à mort et à l’exécution d’une personne au moins». Parmi les pays qui n’ont pas ralenti le rythme des exécutions, il y a les Etats-Unis. D’après le rapport d’Amnesty «le gouvernement de Donald Trump a repris les exécutions fédérales après une pause de 17 ans, et a mis à mort 10 hommes en moins de six mois». Des exécutions ont été aussi enregistrées en Inde, Oman, Qatar et Taïwan. Analysant la situation, les auteurs du document en déduisent qu’alors «que la tendance globale en la matière était au recul, certains pays n’ont pas ralenti le rythme des exécutions, l’accélérant même dans certains cas». Selon eux, cela «témoigne d’un mépris terrifiant pour la vie humaine, dans un contexte où le monde cherchait à protéger la population face à un virus mortel».
Parmi les pays ayant procédé au plus grand nombre d’exécutions, on retrouve la Chine en tête du classement. Même si les informations sur le nombre total d’exécutions dans ce pays sont classées secret d’Etat, Amnesty international «estime que la Chine procède chaque année à plusieurs milliers d’exécutions». «Ce qui la classe en tête des pays où ont lieu le plus grand nombre d’exécutions, devant l’Iran (246+), l’Egypte (107+), l’Irak (45+) et l’Arabie Saoudite (27)» a-t-on dit dans le document. Il est précisé aussi dans le rapport que «l’Iran, l’Egypte, l’Irak et l’Arabie Saoudite ont été responsables, à eux seuls, de 88% de toutes les exécutions recensées dans le monde en 2020». Parlant de la situation en Egypte, les auteurs du document informent que «le nombre d’exécutions enregistrées durant l’année a triplé, le pays se classant ainsi au troisième rang mondial en 2020». Selon cette organisation, «au moins 23 des personnes exécutées ont été condamnées à mort dans des affaires liées à des violences politiques et à l’issue de procès manifestement iniques, entachés par l’utilisation d’‘’aveux’’ extorqués et par d’autres graves violations des droits humains, notamment la torture et la disparition forcée». A en croire Amnesty, «un pic a été enregistré en octobre et en novembre, au moment où les autorités égyptiennes ont exécuté au moins 57 personnes (53 hommes et 4 femmes)». S’agissant de l’Iran, le rapport révèle que le nombre d’exécutions «a continué d’être inférieur à celui qui avait été relevé les années précédentes, mais le pays a de façon croissante utilisé la peine de mort comme arme de répression politique contre les dissidentes, les manifestantes et les membres de minorités ethniques, en violation du droit international».
Au niveau mondial, le rapport fait état d’au moins 483 personnes exécutées en 2020, (ce chiffre ne tenant pas compte des pays où les statistiques relatives à la peine de mort sont classées secret d’Etat ou pour lesquels on ne dispose que d’informations très restreintes : la Chine, la Corée du Nord, la Syrie et le Viêt-Nam). Toute­fois, Amnesty fait savoir que «ce chiffre désolant est cependant le plus faible qu’Amnesty international ait enregistré depuis au moins 10 ans». «Il représente une baisse de 26% par rapport à 2019, et de 70% par rapport au pic de 1 634 exécutions recensées en 2015», précise le rapport.
Expliquant cette chute du nombre d’exécutions, les auteurs du rapport indiquent qu’elle résulte de «la baisse enregistrée dans certains pays non abolitionnistes et, dans une moindre mesure, de l’interruption des exécutions décidée dans certains cas en raison de la pandémie». Il a ainsi été noté que «le nombre d’exécutions recensées en Arabie Saoudite a chuté de 85%, passant de 184 en 2019 à 27 en 2020, et de plus de 50% en Irak, où il est passé de 100 en 2019 à 45 en 2020». Le rapport révèle qu’aucune «exécution n’a été recensée à Bahreïn, au Belarus, au Japon, au Pakistan, à Singapour et au Soudan, alors qu’en 2019 ces pays avaient tous appliqué des sentences capitales».
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