De la base logistique au Port autonome de Dakar jusqu’à 100 km au Sud par hélicoptère sécurisé, le président de la République du Sénégal eut l’heureuse surprise d’interagir durant tout ce parcours avec les techniciens et ingénieurs sénégalais de l’aviation civile avec un niveau de professionnalisme et de ponctualité très rare dans nos pays. Certainement, un pre­mier  aperçu sur la complexité  logistique et  technologique de l’industrie pétrolière, surtout en offshore.
L’impressionnante torchère de gaz  qui dégage une fumée noire accueille le Prési­dent BDF une fois que l’aéronef s’est posé sur le Fpso. A sa descente avec l’apparat et l’uniforme,  il est accueilli par  le responsable Hqse qui le briefe -le Président et toute sa suite- éloquemment sur les règles et protocoles de sécurité à bord du navire : c’est une industrie très méticuleuse sur les normes et standards de sécurité, au regard des enjeux assurantiels colossaux.
Après la base logistique du Pad, c’est encore l’expertise sénégalaise dont le top management du Rssf Sangomar offshore, qui se relaie au fur et à mesure de la visite marathon du Président à bord de l’immense plateforme d’extraction de pétrole et de pré-traitement où le vacarme des pompes et compresseurs a été réduit grâce à la technologie dernier cri que Modec -opérateur de l’unité flottante- a installée.
Dans cette phase initiale qui va durer presque six mois, le Fpso Sédar Senghor fonctionnera à plein. Une centaine d’ingénieurs et techniciens vont y passer  d’interminables journées pour assurer le fonctionnement de milliers de valves et de pompes avec les bugs, les réglages, les  petites pan­nes,   les  coupures de toutes sortes, jusqu’à ce que le débit d’extraction d’huiles brutes à partir des puits soit stabilisé.
Durant tout son parcours de plus de  trois  heures d’horloge sur l’Unité flottante Léopold Sédar Senghor, ce 25 juin 2024 au matin, l’empreinte du workforce sénégalais est omniprésente à tous les niveaux de la chaîne de production du champ offshore. Les ingénieurs et techniciens de l’opérateur public Petrosen,  aux côtés  de Modec, sont aux commandes, avec un niveau d’expertise et de productivité que même le Nigeria et l’Angola n’ont expérimenté aux débuts des premiers barils dans ces pays il y a presque 50 ans. C’est un bond d’une génération pour notre pays. Les fils du pays sur le Fpso nous rassurent que personne ne va siphonner notre pétrole.
L’école sénégalaise et notre diaspora ont presque fourni les meilleurs profils dans tous les postes en compétition ouverte  pour ce projet titanesque et complexe qui a coûté 4000 milliards de F Cfa -5, 2 milliards de dollars Us  en investissements d’origine étrangère,  mais avec  un capital humain bien sénégalais. Les fils du pays sont ainsi au cœur de cette prouesse technique qui va rapporter pas moins de 600 milliards de F Cfa par année, avec un baril à 65 dollars Us.  Les Cv des deux directeurs généraux : Petrosen Ep et le nouveau patron de Petrosen Trading sont suffisamment illustratifs.
Notre pays doit ainsi tirer toutes les leçons de l’exploitation des phosphates, de l’or et du zircon afin de maximiser les gains pétroliers et gaziers, en mettant l’accent sur leur transformation sur place. C’est ainsi que nous allons profiter adéquatement de nos ressources, avec la valeur ajoutée  et  les emplois générés sur toute la chaîne de valeur.
Moustapha DIAKHATE
Expert en Infrastructure et Energie