«Je préfère aujourd’hui laisser les juges trancher. Je suis juriste, il y a des moments où j’évite de trop parler», telle est la réaction de la juriste Amsatou Sow Sidibé. Elle répondait ainsi à son interpellation sur l’affaire Khalifa Sall.

La juriste Amsatou Sow Sidibé préfère se taire au sujet du procès de Khalifa Sall et Cie qui est en cours. Invitée hier à donner son opinion sur cette affaire, elle avance : «Je préfère, aujourd’hui, laisser les juges trancher. Je suis juriste, il y a des moments où j’évite de trop parler. L’affaire est entre les mains de la justice, nous allons laisser les juges juger en leur âme et conscience.» Son silence, Mme Sidibé le justifie par sa fonction. Mais aussi par ce fait : «Je sais que l’affaire est pendante devant la justice. J’ai eu l’occasion d’en parler, maintenant les juridictions se penchent sur cette affaire, je les laisse prendre la décision.»
Lors de la conférence sur le cours inaugural de l’Institut des droits de l’Homme et de la paix (Idhp) où elle était invitée, la tête de liste de la coalition 3ème Voie politi­que/Eut­tou askan wi n’a pas manqué de déplorer le fait que les citoyens ont un droit essentiel qui est le contrôle et l’évaluation des autorités. Mais au Sénégal, «ce n’est pas ce qui se passe. On a presque une allergie face à ce contrôle, à cette évaluation. Et ça pose problème !»
Appréciant l’exposé du professeur Babacar Kanté, cette universitaire a rappelé que ce dernier n’a pas parlé du Sénégal particulièrement, mais qu’il a posé des principes, des règles générales applicables partout dans le monde y compris dans notre pays. Malheu­reusement, «nous nous rendons compte qu’il y a une dichotomie entre ce qui doit être et ce qui est au Sénégal. Le citoyen sénégalais est lésé. (…) il voit ses droits les plus élémentaires bafoués», se désole-t-elle. A ses yeux, c’est cela qui est malheureux. «Nous lançons un appel à partir de ce cours inaugural, pour que dans notre pays on revienne à l’orthodoxie en matière de droit.» Mme Sidibé pense, à ce niveau, qu’il faut respecter les droits en tant que règle de droit, aussi respecter les droits des personnes, «surtout quand il s’agit de droits fondamentaux. Et le droit au vote fait partie de ces droits fondamentaux comme le droit à la vie».
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