Ziguinchor a célébré ce 26 septembre le 15ème anniversaire du naufrage du bateau Le Joola. Et comme chaque année, les autorités gouvernementales et l’Association nationale des familles des victimes, pour marquer la solennité de cet événement, se sont consacrées au même rituel avec le même protocole et les mêmes règles et formules d’usage.
Que retenir de la commémoration de l’An 15 du naufrage du Joola ? Rien du tout. Seulement, la délégation gouvernementale, conduite par le ministre des Forces armées, Augustin Tine, accompagné du ministre de l’Economie solidaire et de la microfinance, Aminata Angélique Manga, du ministre chargé du Pudc, Souleymane Jules Diop, et de Moustapha Lô Diatta, ministre délégué chargé des Organisations paysannes, a effectué le déplacement dans la capitale du Sud pour les besoins de la commémoration du 15ème anniversaire du naufrage du bateau Le Joola. Après l’accueil à l’aéroport de Ziguinchor par le gouverneur Guedj Diouf, en présence des chefs de services régionaux et les responsables des familles de victimes, elle s’est tour à tour rendue au cimetière de Kantène pour un dépôt de gerbe de fleurs et des prières en hommage aux victimes du naufrage, à la gare maritime de Ziguinchor pour la cérémonie officielle de l’An 15 du Joola, pour se consacrer aux prières et recueillements. Occasion à nouveau saisie par les responsables de l’Association nationale des familles des victimes, par la voix de leur président Moussa Cissokho, pour remettre au goût du jour les préoccupations vieilles de 15 ans de ces nombreuses familles qui ont du mal à faire leur deuil. «Nous demandons à l’Etat de respecter la hiérarchie des normes juridiques ou de se référer à la théorie des droits acquis et des simples expectatives, le renflouement du navire par respect à la vie humaine et aussi permettre à nos chers disparus d’avoir une sépulture digne. Nous exigeons également toute la lumière sur Le Joola afin que les responsabilités soient situées et sanctionnées pour éviter que la disparition de plus de 2 000 victimes soit versée comme pertes et profits», a-t-il martelé. Il a en outre plaidé pour le vote d’une loi, instituant le 26 septembre «Journée des patriotes» ou «du souvenir aux naufragés du Joola». Selon lui, «cette journée de commémoration est fondamentalement l’affaire de tous les citoyens de notre pays et des 14 nationalités qui ont péri dans ce naufrage». En réponse au président de l’Association des familles des victimes du Joola, le ministre des Forces armées est revenu comme l’année dernière sur plusieurs acquis et autres projets de l’Etat. Il cite la loi votée en 2006, déclarant «Pupilles de la Nation» les orphelins du Joola, l’extension du port de Ziguinchor, la mise en service des bateaux Aguène, Diambone et Aline Sitoé Diatta, la construction de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, le projet du mémorial musée Le Joola qui verra bientôt le jour. Augustin Tine a aussi reçu en audience, après la cérémonie officielle, l’Association des familles des victimes qui lui a remis un mémorandum où sont consignées toutes les préoccupations de l’heure de ces dernières. Voilà ce qu’on peut retenir de la commémoration de ce tragique évènement qui va heurter éternellement la conscience de ce pays.
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