Anambe – Les fortes pluies du mois de juillet freinent les emblavures : Les producteurs crient au secours

Le 14 juillet passé, plus de 150 mm de pluie ont été enregistrés dans le bassin de l’Anambé, situé dans les départements de Kolda et Vélingara ; empêchant de poursuivre les travaux d’emblavures. Depuis cette date, la situation est restée la même, les parcelles étant toujours occupées par les eaux en grande quantité. Les producteurs alertent et crient au secours.
Des allées sinueuses, accidentées, surplombées par des épineux qui bouchent l’horizon, mènent aux parcelles aménagées du Secteur 4 de la vallée rizicole de l’Anambé, située dans la commune de Médina Chérif, dans le département de Kolda. Mercredi passé, pour visiter les parcelles inondées de cette zone, journalistes et jeunes producteurs se sont adonné à un jeu risqué d’apprentis motards. Un trébuchement, un guidon mal maîtrisé, et plouf, on peut se retrouver au fond de rizières très enherbées, pleines d’eaux boueuses. La plupart des terres, dans cette partie des 5000 ha aménagés par la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (Sodagri), ne sont pas emblavées.
Mamadou Gano, coordonnateur du Collectif des jeunes et petits producteurs de l’Anambé, explique : «Nous nous sommes réunis ici pour alerter les autorités étatiques, à commencer par le chef de l’Etat, son Premier ministre et le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage. Pour cette campagne agricole, nous vivons une situation inédite : près de 90% des parcelles n’ont pas été emblavés, du fait des inondations. En fait, le 14 juillet passé, la zone a reçu plus de 140 mm de pluie en moins de 24 heures. Cela a suffi pour que l’eau détruise toutes les parcelles de riz semées et empêche de poursuivre les opérations de semis et de labour.»
Ces petits producteurs n’ont pas été capables de drainer les eaux pour poursuivre les emblavures. Malheureusement, la pluie a continué de tomber sur les départements de Vélingara et Kolda, maintenant le statu quo.
Une situation qui est favorisée par l’état défectueux des parcelles qui sont mal nivelées, détériorées par près de 40 ans d’exploitation, sans réhabilitation. Une réalité confirmée par le Directeur technique de la Sodagri, Abdoulaye Daff, qui a précisé : «La situation du Secteur 4 est valable pour tous les secteurs du bassin rizicole qui fait 5000 ha. Les parcelles se sont détériorées et nécessitent que l’Etat du Sénégal s’engage d’urgence à les réhabiliter. Ce 14 juillet, il a plu 168 mm sur certains endroits du bassin. On ne peut pas drainer les eaux du fait du mauvais état du terrain.» Il ajoute : «Cette année, le retard accusé pour libérer les parcelles des productions de contre-saison a déteint sur la période des emblavures. C’est pourquoi les producteurs sont surpris par ces averses du mois de juillet. Conséquence : 60% des parcelles ne sont pas exploités.»
Les producteurs crient au secours
Souaïbou Diao, doyen d’âge des producteurs, informe : «Nous sommes des agropasteurs, nous comptons uniquement sur nos récoltes pour nourrir la famille, la soigner et l’éduquer. Ceux qui ont semé sont plus inquiets que ceux qui n’ont pas encore com- mencé. Les premiers doivent rembourser les crédits de campa- gne contractés.» Ces riziculteurs de l’Anambé attendent impatiem- ment la fin de l’hivernage pour se lancer dans la production de riz de contre-saison. Pour cela, «il faut libérer les parcelles assez tôt et mettre à disposition des tracteurs et des intrants. Sinon la soudure va s’installer très tôt et les quelques appuis que l’Etat donne souvent ne suffiront pas à soulager les familles». Il ajoute :
«Les quelques parcelles qui sont exploitées seront assaillies par les oiseaux granivores. Il faut déjà que l’Etat pense à mettre en place un dispositif de lutte anti-aviai- re. Sinon, aucun grain de riz ne sortira de l’Anambé.» Ce n’est pas tout : «Les équipements hydroagricoles sont vieux, il faut les réhabiliter. Sinon le retour des fortes pluies sera fatal pour les riziculteurs de l’Anambé.»
Les propositions de la Sodagri
Abdoulaye Daff, le Directeur technique de la Sodagri, est aussi préoccupé que les producteurs. Déjà, il pense à des solutions pour corriger ce qui peut l’être. Il dit :
«Nous pensons relancer les semis en proposant des spéculations à cycle très court. D’ailleurs, le Directeur général de la société d’appui-conseil, Sodagri, est attendu ce jeudi pour apprécier la situation et proposer des solu- tions.» Et ensuite : «Nous pen- sons à la contre-saison. Nous sommes en train de la préparer déjà pour plus de 2000 ha. Elle doit démarrer en décembre, ou en janvier au plus tard.» Mais,
«l’Etat doit chercher et mobiliser des ressources pour réhabiliter les aménagements qui sont deve- nus vétustes».
En ce qui concerne les prêts, M. Daff rassure : «L’assurance agri- cole va rembourser pour ceux qui ont semé. Que les autres évitent de faire un détournement d’ob- jectif avec les crédits contractés.» akamara@lequotidien.sn