Plus de 900 ha de riz du secteur G de la vallée rizicole de l’Anambé, département de Vélingara, arrivés à maturité, sont inaccessibles, parce qu’inondés ou en proie aux oiseaux granivores. Les producteurs, inquiets, appellent au soutien de l’Etat par la mise en place de moissonneuses et la révision de leur dette de campagne.Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant) –

Aliou Mballo, producteur de riz dans le secteur G de la vallée de l’Anambé, n’a que ses yeux pour pleurer sur son sort après avoir récolté sa parcelle de 1,35 ha. Il a ramené à la maison, 5 sacs de 50 kg chacun, alors qu’il s’attendait à une production d’au moins 4 tonnes, c’est-à-dire 80 sacs de 50 kg au moins. Les 75 sacs manquant ont été dévorés par des oiseaux. Il dit : «Je suis plus heureux que certains producteurs qui ne ramèneront aucun sac à la maison. Soit les oiseaux ont tout picoré, soit la parcelle est inondée, donc inaccessible aux moissonneuses pneumatiques. Nous avons sur place une seule moissonneuse à chenille en activité, qui récolte tout au plus 2 parcelles par jour. Au même moment, les oiseaux sont en train de dévorer nos grains de riz.»

Abdoul Aziz Niang, coordonnateur de la Société de développement des oléagineux (Sodevol) au niveau du bassin, donne plus d’éclairages : «Le problème c’est que nous avons une zone en réhabilitation. Le nivellement n’est pas au top, ce qui fait que avec les fortes pluies de cette saison, certaines parcelles sont mal aplanies et l’eau a stagné, ne sort pas. La zone jouxte une forêt classée qui se trouve être le dortoir des oiseaux qui viennent picorer les graines de riz. Le Directeur général de la Sodagri, sensible à la situation, a fait venir de la vallée du fleuve, au nord, des machines. Nous avons reçu dans le secteur, 3 moissonneuses à chenille, les 2 sont tombées en panne. Une seule fonctionne pour plus de 800 ha. Le Dg Alpha Bocar Baldé a également fait venir des éléments de la Direction de protection des végétaux.»

La Direction de la protection des végétaux est sur place pour chasser les oiseaux. Selon M. Niang, elle a traité les dortoirs alentours, malheureusement la grosse horde d’oiseaux passe la nuit dans la forêt classée, non loin de là, inaccessible aux engins de la Dpv. Certains producteurs sont en train de récolter manuellement, à un rythme lent qui autorise les oiseaux à continuer leur festin. La solution préconisée par les producteurs du secteur G de cette zone rizicole gérée par la Sodagri (Société de développement agricole et industrielle) est la mise à disposition de suffisamment de moissonneuses à chenille pour enlever le riz des parcelles inondées, pour sauver ce qui peut l’être encore.

Mais le mal est déjà fait. Selon M. Niang, sur les 980 ha, seul 56 ha sont récoltés, le reste est totalement ou partiellement perdu. Aussi les producteurs demandent-ils un appui de l’Etat pour régler la dette contractée auprès des banques. Sinon, bonjour les problèmes économiques et la famine dans la zone.
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