Le nouveau correspondant du médiateur de la République à Thiès, le gendarme à la retraite Gora Diop, a été condamné en 2009 par la Cour d’assises militaire à 5 ans de travaux forcés. L’auteur du coup de feu qui a été fatal au mareyeur Sanghoné Mbaye à Joal, lors d’une opération de routine, pense que sa condamnation était «politique».
Avec une voix tremblotante, teintée d’amertume, le nouveau correspondant du médiateur de la République dans la région de Thiès, Gora Diop, revient sur un passée assez sombre de sa vie. Un passé carcéral qu’il aurait voulu enterrer à jamais. En effet, Gora Diop, ancien gendarme à la retraite, a eu maille à partir avec la justice militaire pour un cas d’homicide involontaire, survenu dans la nuit du 11 août 2009 sur la personne de Sanghoné Mbaye, un mareyeur à Joal. Un délit qui lui a valu un séjour carcéral de 5 ans et une amende de 25 millions de francs Cfa. Interpellé sur la question, il parle d’un «incident qui est arrivé au cours d’un service. Ça été clair le jour de l’audience. D’ailleurs, l’Avocat général avait plaidé à ma faveur. Les charges retenues étaient un homicide involontaire». Selon lui, «cela n’a aucune incidence sur ma nomination». Surtout que, fera-t-il remarquer, «après ma détention, je suis retourné à la gendarmerie ou j’ai terminé ma carrière. Je suis parti à la retraite le 14 septembre 2014. Et le médiateur est la personne la plus indiquée. Il n’ignore pas. Il était mon avocat. Donc, il maîtrise la situation mieux que quiconque». Et de signaler : «Combien de personnes ont été jugées, condamnées et sont dans leur fonction à présent ?» Il cite «le cas de Barthélemy Dias qui est là et jusqu’à présent maire. Talla Sylla a été en détention. Ce sont des choses qui arrivent». Mais, tient-il à préciser : «Je ne suis pas un délinquant. Sinon, si je le suis, je l’étais par occasion. Je croyais qu’on avait déjà tourné la page. Je ne suis pas le premier à faire la prison et à avoir une responsabilité. C’était un incident. Et les faits relatés étaient contraires à la réalité. Et il fallait être là-bas le jour de l’audience. Ça été très clair. On a constaté que c’est un accident. C’est Sanghoné Mbaye qui, après m’avoir reproché la saisie du poisson, s’est montré agressif à mon égard en m’attaquant. Je lui ai demandé de présenter les documents, il m’a repoussé. Il a marché sur moi, j’ai reculé, j’ai sorti mon arme pour le dissuader, il a pris le canon, on s’est tiraillé, le coup est parti. Maintenant, ça fait 10 ans. Et personne ne cache l’information. Et d’ailleurs partout où je passe je le dis. C’était un problème politique parce qu’à l’époque c’était Abdoulaye Wade qui était là. Il a voulu bénéficier de l’électorat des mareyeurs. Il m’a hypothéqué.» S’agissant de l’amende qui devait être payée à la famille, il dit : «C’est l’Etat qui a payé l’amende de 25 millions de francs Cfa à la famille. C’est l’Etat qui a pris en charge la condamnation pépinière.»
Auparavant, au cours de la cérémonie d’installation hier, le médiateur de la République a signalé que «la décision de le nommer comme correspondant du médiateur à Thiès n’a souffert d’aucune contestation en notre sein qu’au niveau des populations que désormais il va assister». Parce que, dit-il, «c’est un des nôtres qui nous a pratiqués pendant un moment. Il n’est peut-être pas originaire de Thiès, mais il y vit et nous avons pensé à bon escient que ce soit lui».