Par l’appropriation des cultures du monde, on devient citoyen universel. Par les langues, on s’approprie ces cultures. Et, par des concours, par exemple, on s’approprie ces langues. Entre le Sénégal et les Etats-Unis, depuis une décennie, se déroule ce processus d’appropriation et de construction du pont culturel.Par Moussa SECK –
L’un dit : «My teacher is here. He is the best teacher in Senegal.» On applaudit ! «Even in Us», rajoute l’autre, dans sa réplique. Là aussi, applaudissements. Une compétition par applaudissements, déjà. Une autre voix dans le public : «We’re grateful to all English teachers here.» Des lycéens alors, qui louent leurs professeurs d’anglais, dans un amphithéâtre, devant l’ambassadeur des Etats-Unis. Une expression : celle de l’amour d’une langue. Le speaker de leur renvoyer leur enthousiasme : «I’ll show you English loves you too.» L’anglais les aime et organise pour eux un concours. «Who’s the Best ?», le ring ! Les boxeurs : Nouveau lycée de Louga, Lycée Oumar Foutiyou Tall de Saint-Louis, Lycée Cheikh Mourath Ndao de Mékhé, Lycée Djignabo de Ziguinchor. Et «cet évènement met en lumière beaucoup de choses», parmi lesquelles «les liens très forts entre les Etats-Unis et le Sénégal du point de vue éducatif et culturel», ainsi que souligné par l’ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal. M. Michael Raynor confirme ainsi l’importance de ces deux volets dans l’action américaine au Sénégal, et ajoute à cet effet que l’un des objectifs de l’ambassade est «d’investir dans les Sénégalaises et Sénégalais, dans leur propre capacité de bâtir leur avenir et le futur qu’ils veulent voir pour leur pays, leur Peuple, leurs communautés et eux-mêmes». Ainsi, répète-t-il, «nous investissons énormément dans des programmes d’éducation, de santé publique, d’opportunités économiques, de souveraineté alimentaire».
Présentation des écoles, concours d’épellation, quizz de culture générale ainsi qu’un débat ont été les quatre épreuves au bout desquelles est désigné le champion de la finale des finales. L’enjeu, grand, sur les épaules des lycéens et de leurs accompagnateurs…
Wind of change
«Stressée !» Fatou Ndir se dira stressée, au sortir de la première épreuve. Stressée, mais fière. Fière, la membre du club d’anglais du Lycée Cheikh Mourath Ndao qui représente la région de Thiès l’est, du parcours de son école. D’être à l’american corner de Dakar, «c’est un privilège parce que ça nous montre que notre lycée travaille bien et que le club d’anglais du Lycée Cheikh Mourath Ndao était capable de réussir toutes ces épreuves» au niveau régional. Fatou Ndir, stressée alors, fière cependant, mais optimiste pour ce qui est de l’issue de la compétition. Ce même optimisme, cette même fierté de représenter toute une région animent Khalilou Sène, qui enseigne l’anglais au Lycée Cheikh Oumar Foutiyou Tall. Ces élèves n’ont pas rechigné à travailler, peaufiner leur prestation pour le grand jour. Ce, même les dimanches. Lors du premier passage d’ailleurs, l’un de ses élèves chantera un mystérieux «Wind of English» qui souffle dans le lycée saint-louisien. Probablement, en écho à ce «Wind of change» que sifflait le groupe Scorpions des décennies auparavant. Change ? Oui, pour M. Michael Raynor, et via «les valeurs qui disent : nous devons être des citoyens pas seulement de notre propre pays, mais du monde…».
Louga, aujourd’hui comme hier
Habiter alors le monde par les cultures et ces dernières, par les langues qui les portent. Le mariage des cultures a été la grande réussite des Lougatois. Ils auront fait parler les percussions aux couleurs et tonalités sénégalaises dans la langue de l’Oncle Sam. A l’élaboration et à l’expression d’une mixité culturelle sénégalo-américaine, se sont aussi attelés les autres lycées. Ce qui n’a pas été sans ravir l’ambassadeur. Qui a alors affiché «beaucoup d’émotions, mais surtout de joie, de fierté, de voir la jeunesse sénégalaise si pleine de dynamisme, si pleine de capacité».
L’investissement des régions présentes ainsi que leur enthousiasme ont sans doute participé à l’harmonie générale de cette journée culturelle. Mais, la compétition étant ce qu’elle est, il a fallu élire un meilleur. Et, pour aussi avoir réponse à la dénomination «Who’s the best ?» du concours. And, Louga’s the best ! Ziguinchor et son Djignabo prendront la deuxième place, la troisième… revenant au Lycée Cheikh Mourath Ndao de Mékhé (région de Thiès). Saint-Louis fermera la marche.
Dakar, Thiès, Louga, Saint-Louis et Ziguinchor sont les seules régions à disposer de ces espaces américains au sein desquels, dit M. Michael Raynor, se tiennent beaucoup d’activités «focalisées sur le renforcement de la capacité de la jeunesse sénégalaise». Le concours, qui a réuni plusieurs jeunes dans celui de Dakar, se tient depuis une décennie. Et comme un symbole, Louga, victorieuse en 2024, l’a été une décennie auparavant. La tradition du concours sera perpétuée. Perpétuée et élargie au reste du Sénégal, the ambassador’s wish…