L’année 2025 aura été particulièrement difficile pour l’économie sénégalaise. Elle est comparable à un ralentisseur, communément appelé «dos d’âne», sur la route qui mène vers la transformation systémique promise dans la stratégie nationale de développement. Si le véhicule (l’Etat) a pu franchir ce dos d’âne, les passagers (ménages et entreprises) ont souffert de courbatures résultant des secousses malgré les 8% de croissance attendus du fait de la production de pétrole et de gaz.

Appels publics à l’épargne (APE) et plan de redressement économique et social (PRES) : des amortisseurs de chocs pour l’Etat
Pour juguler les effets de la suspension, par le FMI, d’un décaissement de 1,8 milliard de dollars (1000 milliards de FCFA), le Sénégal s’est tourné vers le marché financier régional avec 4 APE sur l’année 2025 (Mars, juin/juillet, septembre et décembre) et un plan de redressement économique et social (PRES) lancé au mois d’Août. Les APE auront permis de mobiliser un peu plus de 1200 milliards FCFA. Cela couvre non seulement ce qui était attendu du FMI, mais aussi les 125 milliards FCFA d’intérêts supplémentaires liés à la dette bancaire révélée par la cour des comptes en Février. On pourrait même y ajouter les 260 milliards de baisse des prévisions de recettes fiscales figurant dans la loi de finances rectificative (LFR) de juin 2025.

Le plan de redressement économique et social (PRES) lancé en Août 2025 a pour vocation de faciliter la mobilisation de ressources domestiques et de rationaliser les dépenses de l’Etat pour restaurer ses marges de manœuvre budgétaires. Même si les résultats ne sont pas encore connus dans les détails, l’Etat semble être satisfait de sa mise en œuvre. Finalement il se débrouille bien pour s’en sortir; ce qui n’est pas le cas des entreprises et des ménages.

Entreprises et ménages en difficulté malgré les efforts d’assistance d’un Etat désarmé
L’Etat a bien tenu le volant pour éviter une sotie de piste avec la LFR de juin. Il a évité de supprimer certaines subventions sensibles, payé une partie de la dette due aux entreprises et maintenu les dépenses relatives au pacte de stabilité sociale. Malgré tout, cette année aura été difficile pour les opérateurs économiques et les ménages parce que même l’Etat est en difficulté. Les nouvelles taxes introduites pour acter la dimension endogène du financement du plan de redressement et contourner les difficultés d’accès aux marchés financiers internationaux sont venues compliquer les choses pour certains secteurs de l’économie.

Sur le match (très dur) de l’année 2025, l’Etat a tenu à marquer un but à la dernière minute (décembre) en réduisant le prix du carburant. Des supporters anglais auraient jubilé même si leur équipe est largement menée au score mais au Sénégal on ne jubile que si on mène au score.

Le début de l’année 2026 sera comme du temps additionnel devant permettre de revenir au score en marquant d’autres buts (réduction du prix de l’électricité, soutien aux entreprises, signature d’un nouveau programme avec le FMI).
Pr Abou KANE
Faseg/Ucad