Amnesty International a profité du premier anniversaire du vote de la loi d’amnistie couvrant les actes ayant découlé des manifestations de 2021 à 2024 pour appeler les autorités sénégalaises à l’abroger. Selon les membres de cette organisation, justice doit être rendue. Il faut rappeler que ladite loi couvre tous les actes susceptibles d’être qualifiés de crimes ou délits relatifs à des «manifestations ou événements à motivation politique», qui ont eu lieu entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024. Durant cette période de manifestations déclenchées par l’arrestation de Ousmane Sonko, à l’époque dirigeant du parti Pastef dans l’opposition, les Forces de sécurité sont accusées d’avoir régulièrement fait un usage excessif et meurtrier de la force contre les manifestants. Il est fait état d’au moins 65 personnes tuées dont la majorité par arme à feu, et au moins 1000 autres blessées. Et environ 2000 personnes ont été arrêtées durant cette période.

Marceau Sivieude, Directeur régional par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a déclaré que «la justice, la vérité et la réparation exigent que les Forces de sécurité présumées responsables d’un usage excessif et illégal de la force lors des manifestations soient poursuivies». Selon lui, «la loi d’amnistie constitue un obstacle que les autorités sénégalaises actuelles doivent lever, comme elles s’y sont engagées».

Abondant dans le même sens, Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty Interna­tional Sénégal, soutient que «l’aide financière versée en 2024 à certaines des victimes de détention et annoncée en 2025 aux familles de personnes tuées lors des manifestations est un premier pas».

Cependant, avertit-il, «elle ne répond pas à leur besoin de justice, ni ne constitue une garantie que de tels événements ne se reproduisent lors des manifestations».
Par Dieynaba KANE – dkane@lequotidien.sn.