L’Aéroport international Blaise Diagne de Diass traverse une crise financière majeure. Selon le Directeur général, l’un des principaux facteurs ayant contribué à cette situation est l’augmentation exponentielle du nombre d’agents en poste. «Aibd, qui comptait 275 agents en 2006,  après sa fusion avec les Ads, a vu ses effectifs bondir en deux phases entre 2022 et 2024,  avec un premier lot de 287 Cdi et un deuxième de 219 Cdi en 2024, atteignant ainsi 938 agents. Un effort de restructuration a permis de réduire ce nombre à 872 agents, mais cela reste insuffisant», a déclaré Cheikh Bamba Dièye, qui rencontrait les partenaires sociaux samedi à Saly.

Une explosion du personnel qui, d’après lui, a eu un impact considérable sur la stabilité financière de l’entreprise, indexant des décisions irresponsables qui ont conduit cette structure financièrement stable à se retrouver en difficulté avant de souligner qu’il  est impératif d’engager une restructuration rigoureuse. En plus du recrutement du personnel, M. Dièye a aussi indiqué que l’impact financier de cette gestion a été désastreux. «En 2024, une entreprise dont les ressources ne dépassent pas 7 milliards de francs Cfa, a vu son budget exploser à 23 milliards de francs. Les plateformes aéroportuaires avaient leur autonomie de gestion et n’avaient pas besoin des moyens de l’Etat pour vivre.  Avant que l’Etat ne supporte les charges de l’Aibd, la plupart des ressources provenaient de la Rdia pour payer les dettes. Maintenant, c’est l’Etat qui aide l’Aibd à résorber ce gap, nous avons trouvé une situation catastrophique dans la boîte avec une surcharge en personnel et en salaire. Une telle situation est intenable», a regretté M. Dièye. Face à cette impasse, la Direction de l’Aibd a jugé nécessaire de mettre en place un plan social. «Un séminaire a été organisé en collaboration avec les partenaires sociaux, afin de poser un diagnostic clair et proposer des solutions adaptées. Il est désormais impératif d’adopter un plan social pour stabiliser la situation», a indiqué le Dg de l’Aibd. Ce plan social rencontre aussi l’assentiment de l’intersyndicale de la plateforme aéroportuaire. Cheikh Wade abonde dans ce sens. «Il faut sauver l’outil de travail. Conscients de la gravité de la situation, les partenaires sociaux expriment leur disponibilité et leur engagement à accompagner le plan de sauvetage, de restructuration et de développement proposé par l’Etat, en cohérence avec le référentiel Sénégal 2050. Cependant, nous ne renonçons pas à notre rôle de force revendicative. Nous réaffirmons notre attachement à la pérennisation de l’entreprise et à la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs», a précisé M. Wade.

Loin d’être une décision unilatérale, Cheikh Bamba Dièye annonce que ce plan social sera mis en œuvre en concertation avec les partenaires sociaux. «Le président de la République nous a demandé d’agir avec responsabilité et de collaborer étroitement avec les représentants des travailleurs. Un comité ad hoc sera mis en place dès aujourd’hui (lundi) pour déterminer les postes à supprimer, afin d’atteindre l’équilibre financier. Il ne s’agira pas d’une mesure cosmétique, mais d’une restructuration en profondeur. Des licenciements seront inévitables, mais ils seront réalisés dans la transparence et le respect des règles en vigueur», prévient Cheikh Bamba Dièye.

Il a également précisé que cette démarche vise à restaurer la santé financière de l’Aibd et à lui permettre de remplir pleinement ses missions. «Nous allons travailler avec rigueur et intelligence, en synergie avec les syndicats et le personnel, pour que l’aéroport redevienne un outil de développement performant. La restructuration de l’Aibd est un défi de taille, mais elle est nécessaire pour garantir la viabilité à long terme de cette infrastructure stratégique pour le Sénégal. Sauver, restructurer et développer : tel est notre credo», conclut Cheikh Bamba Dièye.
Par Alioune Badara CISS (Correspondant) – abciss@lequotidien.sn