Contre la suppression du parrainage ordonnée par la Cour de justice de la Cedeao, l’Etat du Sénégal est cependant prêt à améliorer le système. C’est l’annonce faite par Pr Ismaïla Madior Fall qui estime que le juge communautaire a outrepassé ses prérogatives.Par Amadou MBODJI

– Le professeur Ismaïla Madior Fall, qui avait dénoncé l’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao ordonnant la suppression du parrainage dans un délai de 6 mois, insiste qu’il n’est pas question de remettre en question le principe de ce filtre inscrit dans la Cons­ti­tu­tion. «Le Sénégal est ouvert tout pour prendre des mesures destinées non pas à supprimer le parrainage mais à l’améliorer. Et c’est ça qui est en train d’être fait au niveau du Dialogue national», a dit le ministre d’Etat auprès du chef de l’Etat, samedi lors d’une conférence de presse de la coalition Benno bokk yaakaar. C’est d’ailleurs la recommandation de la Mission d’audit du fichier électoral (Mafe2021). Il est ensuite revenu sur les «bienfaits» du parrainage qui, selon lui, a permis au Sénégal d’organiser une «élection prési-dentielle exemplaire». Le constitutionnaliste d’ajouter : «Aujour­d’hui, beaucoup d’Etats en Afrique viennent s’inspirer de l’exemple du parrainage parce que dans la plupart des pays, l’application a permis non pas d’écarter les candidatures mais de rationaliser les candidatures. A l’élection présidentielle de 2019, évidemment on le sait, le risque qui était réel c’était de se retrouver avec plus d’une centaine de candidats.» Il rappelle que si le Sénégal avait choisi le parrainage des élus comme ça se fait ailleurs, seuls les partis qui ont des élus ou dans les assemblées territoriales ou l’Assem­blée nationale auraient des candidats. «Le Président Macky Sall a considéré que c’est discriminatoire. Il a dit qu’on va faire le parrainage populaire. Tout Sénégalais qui pourra faire montre d’une représentativité minimale pourra faire acte de candidature. Et c’est ce parrainage qu’on a dans notre Constitu­tion, qu’on a repris dans la loi électorale. Et on ne pense pas qu’une cour, fut-elle une cour communautaire, peut remettre cela en cause», ajoute Pr Fall. Le ton est moins vindicatif que celui qu’il a utilisé dans son argumentaire dans Le Soleil. Ismaïla Madior Fall rappelle que «le Sénégal émet des réserves» sur l’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao. «Il ne s’agit pas de vitupérer contre l’institution juridictionnelle communautaire, mais simplement, après avoir eu connaissance de cet arrêt, de formuler un certain nombre de griefs», a-t-il indiqué. Il en déduit que le juge communautaire «s’écarte de sa jurisprudence parce que qu’une cour, fut-elle une cour supranationale, ne peut remettre en cause le principe de l’autonomie constitutionnelle». Ismaïla Madior Fall ajoute que, «les arrêts de la Cedeao de façon tendancielle posent problème», et que «le taux d’exécution de ces arrêts est extrêmement faible dans la mesure où, sur les 200 arrêts, le taux d’exécution n’avoisine pas les 50 %».
Sur l’audit du fichier électoral remis en cause par le Front de résistance nationale (Frn), c’est le plénipotentiaire de la Majorité au sein du Dialogue politique qui s’est chargé de la réplique. Cheikh Sarr estime que «cette conclusion des experts, auditeurs indépendants, clôt le débat sur la fiabilité du fichier électoral pour quelques années». Selon lui, l’opposition, qui avait réclamé cet audit, doit en assumer les résultats puisqu’elle n’avait jamais contesté les experts désignés.
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