Le Sénégal veut être au rendez-vous de la révolution scientifique et industrielle avec l’intelligence artificielle. Hier, en présidant la séance solennelle de l’Académie nationale des sciences et techniques (Anst), le chef de l’Etat a fait savoir que la finalisation des travaux d’élaboration d’une Stratégie nationale sur les données (Snd) et d’une Stratégie nationale sur l’intelligence artificielle (Snia) a été entamée. Par Dieynaba KANE –

«L’Etat a entamé, sous le pilotage technique du ministère de la Communication, des télécommunications et du numérique, la finalisation des travaux d’élaboration d’une Stratégie nationale sur les données (Snd) et d’une Stratégie nationale sur l’intelligence artificielle (Snia).» L’annonce a été faite hier par le président de la République à l’ouverture de la séance académique solennelle de l’Académie nationale des sciences et techniques (Anst). D’après Macky Sall, la Snia repose sur la vision d’une «Intelligence artificielle (Ia) éthique et de confiance au Sénégal, catalyseur de la créativité (notamment des jeunes)». L’objectif, précise M. Sall, est «de mieux préparer le Sénégal à jouer un rôle majeur dans cette révolution scientifique et industrielle de dernière génération qui s’impose».

Le chef de l’Etat a poursuivi en déclarant que «cette Stratégie nationale de l’Ia est structurée autour de six (6) orientations stratégiques». Il s’agit, note-t-il, de «promouvoir 100 000 talents en Ia d’ici 2028 (la formation à l’Ia au Sénégal doit rayonner), bâtir un écosystème Ia dynamique (programme de soutien, du laboratoire à la commercialisation), constituer un cluster national Ia (l’Equipe nationale Ia du Sénégal), renforcer les Alliances régionales et internationales (le Sénégal solidaire), faire de l’Ia l’affaire de tous les Sénégalais (programme national de sensibilisation), mettre en place une gouvernance pour une Ia éthique et de confiance (cadre juridique, pilotage et régulation)».

Dans ce cadre, Macky Sall indique que «la feuille de route Ia identifie une série d’actions prioritaires dont le coût de la mise en œuvre au cours des deux (2) prochaines années est estimé à 7 milliards de F Cfa».

En outre, M. Sall renseigne que «l’Etat a également pris des initiatives visant à créer un environnement propice à l’innovation et à soutenir les startups technologiques». A l’en croire, le gouvernement a déjà «impulsé plusieurs actions visant à encourager la recherche, l’innovation et l’application de technologies basées sur l’intelligence artificielle». Parmi lesquelles, énumère le président de la République, «la mise en place de programmes éducatifs pour sensibiliser et former les étudiants et professionnels aux concepts de l’Ia, la création de centres de recherche innovants, le développement de startups technologiques proposant des solutions innovantes dans des secteurs tels que la santé, l’agriculture, l’éducation et la gestion des ressources naturelles». Convaincu «que la solution des difficultés auxquelles nous sommes régulièrement confrontés passera, aussi, par une bonne maîtrise des technologies les plus élaborées en matière d’intelligence artificielle et de systèmes intelligents, ainsi que par la mobilisation adaptée de ressources à la hauteur des défis et enjeux», le président de la République assure que les «efforts en matière de recherche se poursuivront».

Par ailleurs, lors de cette rencontre, Macky Sall a attiré l’attention sur la nécessité de cerner «les aspects liés à la responsabilité, la transparence et l’impact social de l’Ia pour garantir un développement éthique de cette technologie». Et de déclarer : «Comme vous le savez, l’Ia s’érige comme la locomotive du secteur numérique et de la transformation de nos sociétés. L’intelligence artificielle et ses applications suscitent à la fois d’immenses espoirs, mais aussi des inquiétudes légitimes liées à leurs développement et utilisation non encadrés.» Pour lui, «les opportunités qu’elles offrent, les bénéfices qu’elles génèrent sont déjà considérables et perceptibles dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et culturelle».

Toutefois, souligne-t-il, «il est essentiel d’évaluer et de surveiller en permanence, les aspects éthiques, la transparence et les impacts sociaux pour garantir son utilisation responsable et bénéfique à tous».

«Conscient de cette dualité, le Sénégal s’inscrit dans une démarche de promotion, d’encadrement et d’optimisation (des effets) de l’intelligence artificielle, dans un esprit vigilant de consolidation de notre souveraineté numérique», a-t-il dit. Il faut noter que cette rencontre de l’Académie nationale des sciences et techniques avait pour thème : «L’Intelligence artificielle (Ia) : enjeux éthiques et défis humains.»

Une chaire interuniversitaire sur l’intelligence artificielle : L’Etat va doter l’Anst de 200 millions 

Macky Sall a fait savoir hier que l’Etat va accompagner l’Anst dans la réalisation de son projet de «création d’une chaire interuniversitaire sur l’intelligence artificielle et la souveraineté numérique» pour servir de cadre scientifique et opérationnel à leurs contributions.
Ainsi, a déclaré M. Sall, il leur sera alloué «à partir de 2024, une dotation initiale d’un montant de deux cents millions». Dans la même dynamique, il informe qu’il a demandé au «ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation notamment, de renforcer les ressources budgétaires allou-ées à l’académie, mais surtout de travailler à l’édification rapide d’un siège moderne et fonctionnel pour cette prestigieuse institution scientifique et technique».
Le président de la République a profité de l’occasion «pour féliciter et remercier toute la communauté universitaire et scientifique du Sénégal dont l’engagement historique exemplaire, à travers toutes les générations, a fortement contribué au développement du système éducatif dans sa globalité, mais également renforcé la marche résolue du Sénégal vers l’émergence à l’horizon 2035».
dkane@lequotidien.sn