La départementalisation de Keur Massar n’est que le début d’un vaste redécoupage du territoire national. Depuis Matam, le chef de l’Etat a annoncé la correction des incohérences dans d’autres zones. Mais seulement après les Locales. De même, il a décidé de verser aux chefs de village une indemnité mensuelle de 50 mille F à partir du mois de juillet. Il rétablit ce qu’il leur avait retiré.

Après la polémique sur le nouveau redécoupage de Dakar provoqué par la départementalisation de Keur Massar, le chef de l’Etat va apporter quelques corrections dans certaines zones. «C’est pour corriger certaines incohérences, mais ce sera après les élections locales prévues en janvier 2022», a dit le chef de l’Etat qui ne voudrait pas s’embarrasser de nouvelles polémiques à la veille d’un scrutin crucial. C’est que la part belle accordée à San­galkam dont le maire, Omar Guèye, est aussi le ministre en charge des Collectivités territoriales a soulevé une vive polémique. Mais il est vrai que beaucoup de localités réclament à leur tour la correction des incohérences notées ça et là.
Par ailleurs, Macky Sall a annoncé la concrétisation du versement mensuel d’une indemnité de 50 mille aux chefs de village. Il commencera dès le mois de juillet. «Vous êtes un pilier de l’Admi­nistration décentralisée. Il est normal que vous ayez cette indemnité. Je vous demande de poursuivre votre mission tout en restant vigilants sur les menaces transnationales. A chaque fois que vous verrez une activité suspecte, il faut le signaler», enchaîne le Prési­dent Sall. Une bonne nouvelle, mais pas une nouveauté pour les chefs de village. En effet, c’est le même Macky Sall qui, à son arrivée au pouvoir, leur avait retiré les avantages que son prédécesseur Abdoulaye Wade leur avait accordés après leur rencontre à Dakar le mardi 19 juillet 2011. Justement, c’est parce que le Président sortant l’avait fait à la veille de la Présidentielle de 2012 que tout le monde y avait vu une opération de séduction envers ces leaders d’opinion. Entre autres, des indemnités mensuelles de 50 mille à 70 mille selon la taille démographique du village et des véhicules qu’il a réaffectés aux forces de sécurité. Ils ont toujours réclamé le rétablissement de ces avantages. Et en avril 2017, le chef de l’Etat avait promis de le faire.
Le décret n° 2011-2072 du 29 décembre 2011 portant statut et émoluments du chef de village motivait cette décision par le fait qu’«en dépit des nombreuses charges pesant sur sa fonction, le chef de village ne bénéficie que d’une remise sur la taxe rurale prévue par la loi n° 72-59 du 12 juin 1972 instituant ladite taxe». Or, poursuivait le rapport de présentation du décret, «l’Etat et ses représentants reconnaissent les efforts méritoires des chefs de village qui servent en réalité de relais entre les pouvoirs publics et les populations locales». C’est le sens de l’attente de Macky Sall qui leur demande aujourd’hui de «signaler» d’éventuelles «activités suspectes». Pas seulement. Dans un contexte de veille d’élections territoriales, ça peut ressembler à une opération de séduction électorale.