Le Comité d’initiative pour l’annulation de la dette africaine (Iada), avec sa tête Mody Guiro, a procédé jeudi, au lancement officiel de ses activités. A l’occasion de cette cérémonie qui a eu lieu dans le hall de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad), M. Guiro et ses collaborateurs, notamment le lead vocal du Super étoile, Youssou Ndour, et Mamadou Mignane Diouf, Coordonnateur du Forum social sénégalais (Fss), sont largement revenus sur les raisons de leur mobilisation citoyenne.
La mise en place de cette plateforme découle de l’appel du Président Macky Sall pour une stratégie d’annulation de la dette des pays africains assortie d’un Plan de rééchelonnement de la dette commerciale qui permettra à l’Afrique dans le cadre du nouvel ordre économique mondial, d’avoir un nouveau départ. Cet appel avait été précédé d’un tweet dans lequel le chef de l’Etat sénégalais avait demandé aux partenaires bilatéraux et multilatéraux d’accompagner la résilience du continent africain, en annulant sa dette. Car avait souligné le Président Sall, l’Afrique, à l’instar de tous les autres continents, est gravement atteinte par la pandémie du Covid-19, qui va durablement impacter son économie.
Ainsi considère le président du Comité d’initiative, Mody Guiro, l’annulation de la dette extérieure de l’Afrique constitue «un droit pour les populations des pays africains, d’exiger des réparations pour tous les torts et toutes les souffrances subis et causés par un mécanisme de la dette injuste et inhumaine au service des grandes puissances des pays du Nord».
Embouchant la même trompette, la star de la musique sénégalaise s’engage à mettre à profit son leadership en tant que porteur de voix pour convaincre la jeunesse africaine et plus particulièrement sénégalaise de la pertinence à porter le combat de son avenir. Youssou Ndour exhorte ainsi la  jeunesse à peser de tout son poids sur la balance pour pousser les décideurs à s’engager sur la voie souhaitée par les pays africains. «Ce combat que nous menons va profiter davantage à la jeunesse sénégalaise et africaine. C’est cette jeunesse qui paiera cette dette. Boys, levez-vous ! Wake up ! Cette dette publique, si on l’efface, elle sera bénéfique pour vous. C’est la jeunesse qui doit comprendre qu’on se bat pour elle. Il est temps de parler d’avenir. Si on parle d’avenir, on parle à la jeunesse. Toute la jeunesse doit signer cette pétition et mettre la pression sur les décideurs. 65% de la population africaine ont 25 ans», plaide la star mondiale. Qui dit parler en connaissance de cause pour avoir eu l’expérience de participer à l’annulation d’une dette entre 1996 et 2000 en Europe où le leader du Super Etoile et ses compatriotes ont eu à rencontre les décideurs. «Je vous dis que c’était un rapport de force. Et la presse n’était pas en reste. Si nous voulons un avenir clair avec cette pandémie qui est arrivée, on doit s’unir pour mettre la pression pour que cette dette soit annulée. Le président de la République parle de récession économique, cette récession économique est là. Battons-nous pour alléger les difficultés causées par cette pandémie», insiste le chanteur, qui prône «un changement de système pour faire bouger les choses dans le bon sens pour le continent africain…».
Pour rappel, la requête du Président Sall a été soutenue par le Président Macron, le Groupe de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (Fmi).
Et aux yeux de Mamadou Mignane Diouf, ce soutien n’est pas un fait du hasard. En effet, explique le Coordonnateur du Fss, dans les différents pays et à l’échelle internationale, la pandémie agit comme un puissant révélateur des injustices et des incohérences d’un ordre international qui n’a plus l’humain comme priorité. Le service de la dette, dit-il, «absorbe en moyenne 14% des revenus des pays africains, autant de milliards de dollars qui manquent à la satisfaction des besoins urgents des populations africaines, notamment en matière de nourriture, de santé et d’éducation».
Les membres de l’Iada souhaitent ainsi que ce combat ne soit pas seulement celui du Sénégal mais de toute l’Afrique.