Ansou Sané, responsable politique de l’Apr et de Bby à Ziguinchor, affiche sa détermination et son engagement à reprendre des mains de Abdoulaye Baldé la mairie de Ziguinchor. Il en parle de manière allusive dans cet entretien. Le Dg de l’Agence nationale pour la relance des activités économiques en Casamance (Anrac) revient aussi sur les missions de sa structure et décline ses réalisations.A quel seuil situez-vous les interventions de l’Anrac en Casamance ?

Le contexte global du conflit est marqué par une grande accalmie en Casamance, qui est favorable au retour des populations. Un tel retour a commencé à être noté dans le nord Sindia, dans le Naran, dans la zone des palmiers. Et depuis l’année dernière, à la suite des opérations de sécurisation qui ont été menées par l’Armée. Nous avons noté donc une aspiration des populations, de l’arrondissement de Niaguis jusqu’à Goudomp, à un retour. L’intensité des activités de l’Anrac se situe à ce niveau puisque nous avons pour mission, en accord avec tous les acteurs, de coordonner ce processus de retour.
Ce que nous faisons en amont par l’identification des villages candidats au retour, des besoins liés à ce retour et par la coordination pour que des réponses soient apportées à ces besoins. Dans les premières zones que j’ai citées, le travail a été fait avec les acteurs, ce qui nous a valu aujourd’hui un important mouvement de retour qu’on a noté.
Du côté de Ziguinchor, nous avons commencé à noter ce retour et nous avons travaillé avec les acteurs en mettant en place un programme de réinsertion sociale et économique qui est aujourd’hui en exécution. Ce programme nous a permis de faire revenir pratiquement tous les 13 villages qui polarisent la zone de Bissine à Bidialoune. Et nous avons mis à la disposition de ces populations des vivres, des intrants, nous avons mobilisé les acteurs pour que des réponses soient apportées. Ainsi, le chef de l’Etat, le Président Macky Sall, qui a un intérêt majeur sur cette question de la paix et en particulier sur celle du retour des populations, a mobilisé tous les projets et programmes tels que le Puma et le Pudc. Je reviens récemment d’une visite avec le Pudc, qui a mis à la disposition des populations un moulin à céréales et qui s’est engagé à mettre à la disposition de ces populations, l’électrification rurale et un forage d’un volume de 150 mètres cubes pour régler définitivement les questions d’eau.
La Sonatel aussi s’est engagée à accompagner ce processus de retour avec le raccordement au réseau téléphonique de ces villages, puisque nous sommes dans des zones où souvent il y a des difficultés d’accéder au réseau ; ce qui pose réellement des problèmes de sécurité.
Du point de vue économique, l’Anrac s’est adaptée aussi au nouveau contexte économique de la Casamance. Beaucoup de choses ont été faites sur le plan du désenclavement, sur le plan des mesures incitatives à la relance du développement économique de la Casamance avec la Loi sur le tourisme, le dragage du fleuve Casamance qui permet aujourd’hui d’exporter l’anacarde à partir du port de Ziguinchor. Et aujourd’hui aussi avec le projet d’installation de l’agropole.
Nous avons aussi adapté nos missions pour prendre en considération ces aspects économiques. Ainsi, l’année dernière, en rapport avec l’Apix et la Cndt, nous avons organisé un guichet mobile qui nous a permis d’accompagner les porteurs de projet en les formalisant, en leur permettant de disposer de la carte import-export, du registre de commerce, du Ninea, en mobilisant aussi tous les services qui concourent vers la prise en charge de leurs préoccupations et notamment les services censés leur apporter les techniques et les conseils pour la mobilisation des capitaux ou l’installation de leurs projets. Sur d’autres aspects également, l’Anrac essaye d’accompagner les populations de Casamance.

Comment réagissent les populations cibles de votre agence à vos actions ?
Pendant très longtemps, il y avait un hiatus entre les populations et l’Anrac, du fait que véritablement il y avait une léthargie que l’agence a connue, du fait d’un certain nombre de difficultés structurelles. Donc à ma prise de fonction en 2017, sur instruction du président de la République, nous avons réglé ces questions structurelles. Ce qui nous a permis aujourd’hui de nous tourner vers la prise en charge des préoccupations de ces populations.
Aujourd’hui, nous sentons un engouement des populations vis-à-vis de l’Anrac et la confiance commence à se rétablir. C’est la raison pour laquelle le travail de coordination par rapport à ce retour, aux préoccupations de réinsertion économique, est rendu facile grâce à la collaboration de ces populations. Nous sortons récemment d’une tournée qui nous a menés, entre autres, à Goudomp où on a tenu un Comité départemental de développement. Dans ce département frappé par la crise et qui connaît la problématique des déplacés avec près 45 villages répertoriés et qui sont en train d’aspirer au retour.

Vous êtes membre de la majorité présidentielle. Comment la mouvance présidentielle en Casa­mance prépare les prochaines élections locales ?
Ce sont des élections locales qui vont se dérouler dans un contexte particulier marqué par le lendemain des émeutes. Du côté de la mouvance présidentielle, nous travaillons à faire en sorte de gagner ces élections, qui sont particulières : elles mettent en jeu un candidat avec une population déterminée, un candidat qui puisse apporter des réponses aux aspirations de ces populations.
Nous travaillons à mettre en place un projet politique qui pourrait apporter des réponses aux préoccupations des Ziguinchorois. Je suis en train de travailler, dans le cadre de cette coalition, à apporter ma contribution à sa grande victoire. Régulièrement, nous sommes sur le terrain avec les tournées, des visites de terrain pour sensibiliser les populations.

A Ziguinchor justement, est-ce que vous allez faire face au maire sortant Abdoulaye Baldé ou bien vous allez vous coaliser avec son camp ?
Baldé est le maire sortant et membre de la grande coalition présidentielle. Nous travaillons en parfaite intelligence sur le plan politique. Mais pour le moment, nous sommes porteurs d’un projet politique pour les populations de Casamance et en particulier pour celles de Ziguinchor. Le plus important pour nous aujourd’hui, c’est de faire en sorte qu’on puisse reprendre Ziguinchor des mains de l’opposition pour que, véritablement, le président de la République, compte tenu de tout ce qu’il a fait pour la Casamance, de l’intérêt qu’il porte pour la Casamance, les populations puissent coller à sa politique.
L’enjeu, pour nous, c’est de faire en sorte de récupérer Ziguinchor qu’on avait perdue lors de la dernière élection présidentielle et nous y travaillons de façon coordonnée, collégiale. Le moment venu pour désigner celui qui va être le candidat à la mairie de Ziguinchor, je ne doute point qu’un consensus fort sera trouvé. Tous les leaders sont conscients du fait qu’aujourd’hui, il faille qu’on travaille dans la collégialité pour reprendre Ziguinchor des mains de l’opposition.

Et, vous ne craignez pas que votre alliance avec Abdoulaye Baldé éclate ?
Nous avons tous des ambitions légitimes pour la Casamance. Lui en tant que maire sortant, il a fait beaucoup de choses pour Ziguinchor. Nous savons qu’il a des aspirations pour nous, mais nous ne doutons point qu’au moment du choix, l’intérêt de Ziguinchor sera mis en avant. Et c’est par rapport à l’intérêt de Ziguinchor que celui qui est en mesure ou bien celui qui présentera le projet porteur, le plus adapté aux préoccupations des populations, justement c’est ce candidat-là qu’on va désigner. Mais pour le moment, ce qui est important, c’est qu’on travaille à remobiliser les troupes, les bases, dans une démarche de proximité, de terrain, à se coller aux préoccupations des populations et, le moment venu, nous ne manquerons pas de désigner véritablement de façon consensuelle, un candidat ou à la limite certainement le président du parti, le Président Macky Sall, donnera des orientations allant dans ce sens. Quelle que soit la personne qui sera mise en avant, il faudra travailler à ce que Ziguinchor puisse revenir entre les mains de la coalition.

Dans les rangs de Benno à Ziguinchor, le leadership est éclaté. Cela ne constitue-t-il pas une de vos principales faiblesses pour conquérir les suffrages des populations ?
Ce qui fait la caractéristique de la coalition Bby, et de l’Apr en particulier, c’est l’éclatement du leadership. Moi, je crois que le pluralisme en termes de leadership n’est pas mauvais pour un parti. Au contraire il lui est bénéfique, il permet d’animer le parti de façon dispersée mais au bénéfice de la coalition.
Ce qui est important c’est que chaque leader puisse apporter sa contribution au rayonnement de la coalition et, à ce niveau, je ne vois pas de problématiques majeures. L’essentiel, c’est que chaque leader puisse travailler à massifier, élargir les bases du parti selon un plan d’actions, une stratégie qu’il développe.

Les pôles emplois sont progressivement mis en place dans le pays. Croyez-vous que c’est la panacée pour sortir les jeunes du sous-emploi ?
Oui, ce sont des pôles emplois qui vont être érigés en réponse à la problématique d’emploi, d’insertion professionnelle dans tout le pays, que les jeunes ont de façon légitime. A la suite des manifestations qui ont eu lieu durant le mois de mars, le président de la République s’adressant aux jeunes, leur a dit qu’il a compris leur message.
Depuis, des instructions fortes, des orientations fortes ont été données pour la prise en charge de cette problématique d’emploi. Et cela s’est manifesté à travers le conseil présidentiel que le Président a tenu avec les jeunes et de ce conseil présidentiel, s’en est suivi véritablement un programme d’emploi et d’insertion des jeunes que le Président a voulu inscrire sous le sceau de la diligence dans la prise en charge de ces préoccupations.