Dr Oumar Cissé, secrétaire exécutif de l’Institut africain de gestion urbaine  (Iagu), a partagé lors de la Journée de la renaissance scientifique organisée par l’Ansts, les 5 mauvaises pratiques qui ont des incidences notoires sur la santé. Il a surtout invité ses pairs à travailler sur la décharge de Mbeubeuss, qui pourrait être une catastrophe pour le Sénégal.

Dr Oumar Cissé a présenté ses travaux sur la décharge de Mbeubeuss dans le cadre du 30ème anniversaire de la Journée de la renaissance scientifique de l’Afrique célébrée par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts). «Si j’ai tenu à présenter ces travaux, c’est pour dénoncer cinq pratiques qui ont des incidences notoires sur la santé», explique le secrétaire exécutif de l’Institut africain de gestion urbaine (Iagu). Même s’il répète des choses déjà ressassées, il a insisté sur le conditionnement des déchets, le défaut de collecte et la prolifération des dépôts sauvages, les moyens de transport des déchets, leur brûlage et le «déchargeage». «Les chercheurs doivent continuer à travailler, il y a beaucoup de travail sur la décharge, beaucoup sur le brûlage dans nos quartiers, sur les moyens de transport, sur la prolifération sauvage des dépôts de déchets, aussi et surtout beaucoup sur le conditionnement. Tant qu’on n’arrivera pas à apporter ces preuves scientifiques par rapport à la corrélation entre ces types de pratiques et les questions de santé, souvent il est très difficile de convaincre les décideurs», a-t-il appelé.
Pour Dr Cissé, il est tant d’accorder plus d’attention à la catastrophe, qui pourrait découler des sites d’élimination des déchets comme la décharge de Mbeu­beuss,  située dans la banlieue dakaroise et qui reçoit 650 mille tonnes de déchets annuellement et qui présente une situation très catastrophique. «Il urge de prendre une décision assez radicale et vite pour épargner 3 millions de personnes d’une situation qui n’est pas envieuse», plaide-t-il.
Les ménages pourvoyeurs d’ordures, les éboueurs appelés techniciens de surface, «souvent sous équipés avec des moyens inadéquats», les populations riveraines des décharges de déchets, les récupérateurs «ne vivant que des déchets», sont les groupes exposés à la catastrophe. «C’est le cas  des riverains de la décharge de Mbeubeuss où 3 mille personnes vivent de déchets journellement. Cette décharge est fréquentée par des personnes qui gagnent autour de 4 milliards par an mais qui font face à des risques extraordinaires», renseigne-t-il. Or, le Sénégalais produit en moyenne 0,5 kg de déchets par jour, selon Dr Oumar Cissé. Le scientifique informe qu’à l’heure actuelle, aucun centre d’enfouissement technique ne fonctionne dans ce pays, qui compte 14 millions d’habitants. A l’en croire, les collectivités locales n’ont pas de décharge normale sinon «quelque part où elles mettent les déchets».

Ces solutions nocives de gestion des ordures
Très souvent, les gens creusent pour enfouir leurs déchets pour non seulement se libérer des ordures, mais aussi préserver l’environnement. Cette alternative n’est hélas pas sans conséquence. «On pense que  tout trou est bon pour accueillir les déchets mais tout  trou est dangereux pour les déchets. Ce sont les endroits les plus dangereux et les plus dramatiques. C’est comme si on allait chercher les eaux, les nappes», a fait savoir le Dr Oumar Cissé. L’autre alternative pour se débarrasser des ordures est le brûlage. Mais là non plus, la pratique n’est pas sans conséquence, car si elle permet de tuer certains microbes, elle libère aussi une substance très dangereuse appelée dioxine, provenant de procédure de condition incomplète. «Même dans les incinérateurs au niveau du ministère de la Santé, les systèmes de brûlage sont insuffisants, incomplets parce que les températures sont très basses», précise Dr Cissé.
Par ailleurs, le scientifique a aussi déploré l’absence d’aménagement préalable, de planification ou de contrôle pour la décharge de Mbeubeuss. «On ne reconnaît pas l’entrée et la sortie du site. On dépose partout, brûle partout, récupère…, pas de couverture, pas de compactage… En réalité, les 75 hectares et toute la bande des 50 mètres autour est contaminée aux métaux lourds,  de plomb, cadmium et… quand on met cela à côté des 3500 personnes  qui passent 10 heures par jour dans ces décharges, cela donne la chair de poule», se désole-t-il.
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