L’affaire Bassirou Faye n’est toujours pas bouclée. La Chambre criminelle d’appel a renvoyé hier le procès à sa prochaine session sur demande de la défense qui voulait la comparution de tous les témoins. En première instance, Sidy Mohamed Boughaleb a été condamné à une peine de 20 ans de travaux forcés, plus une amende ferme de 50 millions de francs Cfa.
«J’appelle l’affaire Sidy Mohamed Boughaleb», déclare le juge dans une salle où on peut compter le nombre de personnes présentes pour assister à la session de la Chambre criminelle d’appel qui siège pour statuer sur l’affaire Bassirou Faye. Lequel a été tué par balle en 2014, au cours de violentes échauffourées entre policiers et étudiants à l’Université cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Après l’appel du juge, le mis en cause quitte le box des accusés pour rejoindre la barre. C’est un homme d’un grand gabarit. Il est habillé comme un maure. Le grand boubou blanc enfilé est assorti d’une chemise de couleur bleue. Boughaleb est un homme de teint clair avec une barbe touffue. Hier, le temps ne lui a pas été donné pour clamer son innocence. Car des observations ont été soulevées par la défense dès le départ. En effet, les avocats de l’accusé ont remarqué l’absence de témoins «clés» pour la manifestation de la vérité dans ce dossier. Les conseillers ont estimé que leur comparution est capitale. Du coup, ils ont sollicité le renvoi de l’affaire à la prochaine session de la Chambre criminelle d’appel. Selon la défense, sur les 50 témoins, il n’y a que 12 qui ont été cités par le Parquet général. Et parmi ce nombre, seuls deux ont répondu à la convocation de la juridiction en charge du dossier. Il s’agit de Tombong Oualy qui a été arrêté en premier et conduit en prison parce que considéré comme le suspect numéro 1. Il finira par bénéficier d’un non-lieu. A part lui, il y avait également le témoin Saliou Ndao. Le reste, à savoir Mamour Diouma Ba, magasinier des armes, Ousmane Sagna, policier stagiaire, Mamadou Ndiaye, Vieux Badji, Abdoul Diaw, Amadou Sarr Gningue, Latyr Guèye, Cheikhou Diop, Doudou Faye pour ne citer que ceux-là, était absent. De même que l’étudiant Sett Diagne cité comme témoin oculaire des faits.
D’après l’avocat général, pour l’essentiel des témoins, le Parquet général a pris les diligences nécessaires pour leur comparution, mais ils sont en déplacement en dehors de Dakar. En clair, certains ont été affectés à l’intérieur du pays, d’autres sont en mission au Mali. «L’affaire est en état. Une cinquantaine de témoins a été citée dans la cause, mais tous ne concourent pas à la manifestation de la vérité. C’est un souci d’équilibre et de manifestation de la vérité. Qu’on ne rentre pas dans un trou sans fin», a développé le parquetier. En outre, la défense a surtout insisté sur la comparution des nommés Awa Fall, le commissaire Ndiaga Diop et de Ousmane Sagna. Elle pense que les trois sont des témoins à décharge. «Parce que le procès pénal doit répondre au procès équitable et aux garanties fondamentales. Il était déjà condamné par le Tribunal d’instance à 20 ans de travaux forcés, plus 50 millions d’amende ferme. Je pense que les enjeux sont trop importants. Nous, nous pensons et nous avons la preuve pour démontrer son innocence. Donc on ne doit pas se précipiter pour quelqu’un qui est condamné à 20 ans à ce qu’il soit jugé alors que même les témoins qui sont cités par le Parquet général, l’accusation n’ont pas comparus», a argué Me Seydou Diagne. Pour lui, le dossier n’est pas en état d’être jugé à la date. La partie civile, elle, Ibrahima Sombène Faye, grand frère du défunt, a assisté à l’audience. Finalement, un accord a pu être trouvé entre les différentes parties au procès. La Cour a ainsi décidé de renvoyer l’affaire à la prochaine session dont la date n’est pas encore connue. Cependant, elle a demandé des diligences pour la comparution des témoins Sett Diagne, le commissaire Ndiaga Diop, Jean Claude Diatta, François Ndour Mbaye.
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