L’ancien ministre et Secrétaire national aux élections, Serigne Mbaye Thiam, a lancé un appel à la reconstruction du Parti socialiste (Ps), qui a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000. Selon lui, le Parti socialiste fait face à un moment de «vérité», alors qu’il se retrouve avec un «seul» député dans la nouvelle législature.Par Ousmane SOW –

Serigne Mbaye Thiam invite ses camarades socialistes à une refonte complète et méthodique du Parti socialiste (Ps). En effet, après une troisième alternance présidentielle en mars 2024 et une débâcle législative, qui l’a laissée avec un unique député, l’heure est à l’introspection pour la formation politique fondée par Léopold Sédar Senghor. Dans un communiqué publié le dimanche 5 janvier, Serigne Mbaye Thiam, ancien ministre et Secrétaire national aux élections du Ps, a lancé un appel à la reconstruction de sa formation politique. «Le Sénégal a franchi en mars 2024 un nouveau tournant de son histoire politique, marqué par une troisième alternance présidentielle, confirmée par les résultats des élections législatives de novembre 2024. En cet instant crucial où le Parti socialiste, notre parti, retourne à nouveau dans l’opposition, l’analyse lucide et objective de cette double défaite impose l’exigence de procéder à une évaluation sans complaisance», rappelle-t-il, insistant sur la nécessité de tirer les leçons des choix stratégiques opérés depuis 2019. Pour M. Thiam, le parti, héritier des pères fondateurs Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Ousmane Tanor Dieng, doit se réinventer afin de répondre aux aspirations du Peuple sénégalais et aux bouleversements sociopolitiques en cours. Sous ce rapport, il appelle à une méthodologie rigoureuse et collective pour élaborer un nouveau projet politique, évitant toute précipitation ou réforme superficielle. «L’exercice que nous appelons de nos vœux ne doit pas être une entreprise de ressassement du passé. Nous ne pouvons plus continuer à vivre sur les vestiges d’un passé révolu. Nous ne pouvons plus nous suffire d’espérer être ou devenir ce que nous avons été. Nous ne pouvons plus nous complaire à perpétuer les mêmes approches et les mêmes pratiques politiques. Toute posture de fuite en avant et de quête illusoire de paradis perdus est, aujourd’hui, une voie sans issue», affirme l’ancien ministre socialiste avec détermination.

Reconnaissant les erreurs du passé, il pointe la responsabilité historique de la génération «pré-indépendance», qui a contribué aux succès passés, mais aussi aux échecs actuels. «Le Parti socialiste fait face à un moment de vérité alors qu’il se retrouve avec un seul député dans la nouvelle législature.

Et la présente situation convoque l’exigence de lucidité, indispensable à tout renouvellement qualitatif et positif. Et notre conviction est que la génération pré-indépendance, bien qu’elle conserve un rôle essentiel d’orientation, de conseil, de soutien et d’accompagnement dans le cadre d’une mixité et d’une solidarité intergénérationnelles harmonieuses, n’a plus la légitimité sociologique pour mener les futures batailles de reconquête du pouvoir. Sa responsabilité, pensons-nous, est d’initier sans délai le processus de transition afin de permettre à la génération post-indépendance de s’investir pleinement au service de notre parti et de notre pays», explique-t-il.

Cependant, pour l’ancien Secrétaire national aux élections, le Ps doit engager une dynamique de reconstruction, articulée autour de trois axes, notamment «la régénération du parti, le renouveau de son offre politique et l’ouverture aux forces socialistes, progressistes et de gauche».

Dans sa tribune, l’ancien ministre met en garde contre les initiatives individuelles et encourage une mobilisation unitaire autour d’une ambition collective. «Le Parti socialiste n’appartient pas seulement aux générations successives de militants qui en ont été les membres ; il n’est pas une simple association privée. Il transcende assurément toutes ces promiscuités. Le Parti socialiste est un patrimoine du Sénégal qui appartient à l’histoire du Sénégal ; il est un legs dont la mémoire et la contribution à l’édification du Sénégal doivent être sauvegardées, perpétuées et transmises aux générations futures…Ainsi, réussirions-nous à nous reconstruire sur la base d’un nouveau paradigme, mieux ancré dans les réalités profondes de notre pays, de notre continent et du monde», conclut Serigne Mbaye Thiam.
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