Appel Dr Karim Diop, Secrétaire général de 3Cap-Santé : «Le plaidoyer budgétaire n’est pas une confrontation, mais un dialogue structuré»


La coalition 3Cap-Santé a tenu un atelier de deux jours dédié au renforcement des capacités des Organisations de la société civile (Osc) sur le plaidoyer budgétaire. L’objectif est clair : transformer les engagements politiques, notamment l’initiative Fp 2030, en réalités budgétaires concrètes pour la santé des populations.
Par Justin GOMIS – Dans un contexte où le Sénégal s’est engagé, à travers l’initiative internationale Fp 2030, à garantir l’accès aux services de planification familiale et de santé reproductive, le défi du financement reste entier. Pour les acteurs de la Société civile, il ne suffit plus d’être des observateurs ou des prestataires de services communautaires ; ils doivent désormais s’imposer comme des acteurs incontournables de la gouvernance sanitaire. Comme l’a souligné Dr Karim Diop, Secrétaire général de 3Cap-Santé, lors de l’ouverture, «le plaidoyer budgétaire n’est pas une confrontation, mais un dialogue structuré». L’enjeu est de maîtriser le «langage des décideurs» pour influencer l’allocation des ressources.
Relever les défis techniques
Malgré un engagement constant sur le terrain, de nombreuses Osc font face à des obstacles techniques pour décrypter le cycle budgétaire ou identifier les points d’entrée stratégiques aux niveaux national et local. Cet atelier, soutenu par le partenaire technique Samasha et le ministère de la Santé et de l’hygiène publique, vise précisément à combler ces lacunes. Pendant deux jours, les 60 organisations participantes travailleront sur plusieurs axes clés : comprendre le cycle budgétaire national et local, identifier les leviers d’influence pour orienter les décisions financières, élaborer des plaidoyers fondés sur des données probantes pour une meilleure utilisation des fonds, renforcer la redevabilité et le suivi citoyen de l’exécution des dépenses de santé. «Il s’agit d’un levier essentiel pour influencer les décisions d’allocation des ressources, améliorer l’efficacité de leur utilisation et renforcer la redevabilité dans la gestion des finances publiques, notamment dans le secteur de la santé», note Dr Diop. Il assure par contre que «le rôle des Osc a évolué». Il explique : «Nous ne sommes plus seulement des prestataires de services communautaires ou des observateurs passifs. Nous sommes des acteurs de la gouvernance. Et pour jouer pleinement ce rôle de veille et de redevabilité, nous devons parler le langage de ceux qui décident. Les éléments de langage nécessitent des connaissances de base budgétaires. Le constat de 3Cap-Santé est lucide : malgré notre passion et notre expertise de terrain, nous rencontrons encore des obstacles techniques pour décrypter le cycle budgétaire, identifier les points d’entrée stratégiques et influencer les arbitrages financiers, qu’ils soient nationaux ou locaux.»
Passer de la théorie à l’action
L’ambition de 3Cap-Santé dépasse la simple formation théorique. L’approche se veut participative et orientée vers les résultats. A l’issue des travaux, chaque organisation devra disposer d’un plan d’actions concret. «Il s’agit de faire en sorte que chaque franc budgétisé pour la santé soit un franc investi pour la vie», a martelé le Secrétaire général de 3Cap-Santé. En renforçant la voix de la Société civile, cette initiative aspire à une amélioration durable de la santé reproductive, maternelle et infantile au Sénégal.

