Appel – Macky Sall, président de la République : «La liberté perd sa valeur morale chaque fois qu’elle s’affranchit de l’éthique de responsabilité»

Le Président Sall, qui a présidé ce samedi la sortie des promotions de l’Excellence universitaire africaine (Eua), a insisté sur l’importance du culte du travail et de l’éthique professionnelle. Il a mis en garde les diplômés, qui sont les trois premières générations des masters de l’Eua, comme le fait de «faire croire que la richesse n’est pas le fruit de l’effort, mais juste de micmac (xaliss ken duko liggey dagn koy lidjeunti)». Par Ousmane SOW –
Comme toujours, le Président Sall ne rate pas l’occasion de dénoncer la violation des secrets professionnel et médical, la manipulation de l’opinion, la banalisation des accusations sans preuve. Et il a aussi cité l’élément amplificateur avec la naissance de nouveaux canaux d’information, à savoir les réseaux sociaux. «En réalité, l’ère moderne souffre d’une pandémie de fake news qui parasitent les esprits, portent atteinte à l’honorabilité d’honnêtes citoyens et les exposent à la vindicte populaire. Or, dans une société qui se veut ouverte, libre et démocratique comme la nôtre, la liberté perd sa valeur morale chaque fois qu’elle s’affranchit de l’éthique de responsabilité», a déclaré le chef de l’Etat, qui a présidé la cérémonie de remise de diplômes aux trois premières promotions du master en comptabilité, contrôle et audit de la «Promotion Macky Sall» de l’Université d’Angers à l’Excellence université africaine (Eua), délocalisée à Dakar. Il poursuit : «L’éthique de responsabilité se pose aujourd’hui avec autant sinon plus d’acuité que l’éthique du travail, à cause de la volonté de la course effrénée de la notoriété et l’explosion des réseaux sociaux.» Dans son discours, il a dénoncé aussi l’enrichissement sans cause, affiché son étonnement de voir certaines expressions de facilité.
Le Président Macky Sall rappelle aux récipiendaires que le diplôme n’est pas une fin en soi, mais une présomption de compétence, qui offre au titulaire la possibilité de tester ses connaissances à l’épreuve de la vie professionnelle. C’est une forme de mise en garde aux récipiendaires. «Dans cette nouvelle phase de vos parcours respectifs, je vous invite à réfléchir ensemble sur l’éthique du travail et de la responsabilité qui, à mes yeux, doit accompagner ou valoriser toute carrière digne de respect. L’éthique du travail et de la responsabilité suppose que l’exercice de toute activité professionnelle puisse allier le savoir, le savoir-faire, mais surtout le savoir-être, la tenue et la retenue. Ces qualités n’habitent que les meilleurs esprits. Faire croire que la richesse n’est pas le fruit de l’effort, mais juste de micmac (xaliss ken duko liggey dagn koy lidjeunti), c’est catastrophique. Ce n’est pas une valeur qu’il faut promouvoir», conseille le chef de l’Etat. Il les invite à bien faire leur travail.
«Pourquoi se plaindre du travail alors que d’autres en cherchent. Pourquoi remettre à plus tard un travail que l’on peut faire tout de suite sachant que le temps perdu ne se rattrape jamais. Pourquoi faire mal votre travail alors que tout ce qui vaut la peine d’être fait, vaut la peine d’être bien fait. Ces questions renvoient chacun de nous en sa pleine conscience et nous interpellent collectivement sur le projet de société que nous devons bâtir pour rattraper notre retard dans le processus de développement.» Pour lui, c’est une question d’héritage. «Le devoir de solidarité intergénérationnelle nous oblige également à transmettre l’éthique du travail à nos enfants en leur enseignant les valeurs de l’effort. La question de l’ordre public dans nos Etats, nos espaces, exige que l’exercice de toute responsabilité soit encadré par les lois et règlements qui s’y attachent. C’est un impératif minimum de la vie en société», dit-il.