Appel – Pr Amsatou Sow Sidibé, présidente de la Commission nationale des droits de l’Homme : «Nous allons œuvrer pour rapprocher la Cndh des populations»
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La Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh) prépare la période 2025-2029. A cet effet, un atelier de deux jours a été organisé. Dégagées, des orientations stratégiques. Faite, une synthèse. Pr Amsatou Sow Sidibé, pour la présenter.Par Moussa SECK
– On a produit du savoir. On a ri. L’utile et l’agréable, parce que «c’est dans un cadre détendu qu’on arrive à mieux produire». Et, c’est du sérieux, un atelier d’élaboration d’un plan d’actions de la stratégie de développement. La Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh) du Sénégal a organisé le sien. C’est sa pédagogue de présidente, Pr Amsatou Sow Sidibé, qui blaguait sur le sérieux qui n’exclut pas la détente. On a ri. On a produit du savoir.
Du savoir donc, qui indique la route pour 2025-2029, et dont Mme A. S. Sidibé a fait la synthèse, le 27 novembre, après deux jours de chauffage de matières grises. Il a été dégagé des orientations stratégiques dont la première porte sur le rang institutionnel de la Cndh. «Nous avons une loi depuis le mois de septembre. Ce n’était pas facile, puisqu’on attendait cette loi depuis 2012.» Votée, promulguée, publiée au Journal officiel, la loi ! Il reste toutefois des actions à mener autour d’elle, «en particulier l’élaboration d’un décret d’application de cette loi. Nous y sommes». Ce qu’en outre veut la Cndh, dans le cadre de la première orientation stratégique qui porte sur l’institutionnel, «c’est d’abord et avant tout le retour du Sénégal au statut A». Le vœu est dit et, les formes, mises dans le discours pour l’accompagner : professeure l’a dit, poing fermé. On est au B, «contrairement à ce qui se passe dans le monde en général». Et, sans doute, le A aide plus au rayonnement d’un pays dans la scène internationale. Entre autres vœux, dans toujours la première orientation stratégique, celui de se référer au Principe de Belgrade (2012) «qui exige que les institutions nationales des droits de l’Homme travaillent avec le Parlement». Ainsi, dira la présidente de la Cndh, «nous allons fortement nous rapprocher de l’Assemblée nationale du Sénégal» et travailler avec elle, «pour toutes les actions relatives au vote de lois».
Encore faudrait-il avoir les moyens de ses intentions
Pour 2025-2029, il sera aussi question de «la promotion de l’accès à des services de qualité dans le domaine de la prévention de la violation des droits humains, dans le domaine de la protection des personnes contre toute forme de violation des droits humains et dans le domaine de la promotion même des droits humains dans notre pays». Telles sont les premières lignes de la deuxième orientation stratégique. L’éventail est large, la proximité aidera à l’atteinte des objectifs. Proximité : «Nous allons œuvrer pour rapprocher la Cndh des populations. La Cndh ne restera pas seulement à Dakar, elle ira dans les 14 régions et même dans la diaspora, parce qu’il s’agira d’installer des antennes décentralisées.» Encore, faudrait-il avoir les moyens de ses ambitions ! L’intention est quant à elle là : «nous allons nous y mettre dès que nous aurons le budget nécessaire pour cela», souligne Pr Amsatou Sow Sidibé.
De Dakar à Moscou…
Il sera aussi souligné par cette dernière, l’importance du renforcement de la bonne gouvernance et la cohésion sociale. Droits humains, démocratie et paix sont interdépendants, rappelle la présidente qui met en exergue que dans la vision de la structure qu’elle dirige, «la paix et la cohésion sociale occupent une place déterminante». Les notions ci-haut citées se trouvent liées à celle de citoyenneté. Ainsi, la troisième orientation stratégique invite-t-elle à travailler la citoyenneté. «C’est-à-dire cette aptitude à avoir des droits et à respecter ses obligations.» Ce point est d’importance, car «c’est ça qui va nous permettre de faire un retour aux valeurs positives dans notre pays».
Dans notre pays et dans les zones à exploitation d’or, de pétrole, «il y a beaucoup de problèmes de violation des droits humains et nous avons dans notre programme d’actions, la vulgarisation de tout ce qui est instrument juridique relatif à cette relation entre entreprises et droits humains». Ces dires sont à rattacher à la quatrième orientation stratégique. Et c’est cette dernière qui comprend la question de ces «autres droits aussi essentiels, sinon plus essentiels» que ceux civils et politiques. Ce sont les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Et, «à ce niveau, entend-on la présidente dire, nous avons dans notre plan d’actions 2025-2029, l’action qui consiste à réfléchir sur les migrations». Même si des efforts se font en ce moment, Pr Amsatou Sow Sidibé considère «qu’il nous faut une réflexion d’ensemble avec tous les acteurs concernés», nationaux comme internationaux, puisque «c’est une question globale qui touche la mondialisation». Dans cette même logique et concernant ces droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, Pr A. S. Sidibé déclarait : «On ne peut pas parler de démocratie, on ne peut pas parler de droits humains, on ne peut pas parler de développement, on ne peut pas parler de paix, si ces droits ne sont pas réalisés.» C’était le 10 octobre 2024 à Moscou, lors d’une conférence autour des problèmes de protection des droits de l’Homme.