La position de la défense reste la même sur l’irrecevabilité de la constitution de partie civile de l’Etat. Les avocats de Khalifa Sall estiment que l’Etat n’a pas sa place dans ce procès et demandent l’infirmation du premier jugement sur la question.

Les débats d’audience ont tourné encore hier sur l’irrecevabilité de la constitution de partie civile de l’Etat. Et selon Me Abdou Dialy Kane, le principe qui est admis en vertu des procédures pénales est un droit exceptionnel qui doit être renfermé. «La personne doit souffrir dans son propre patrimoine pour bénéficier d’une constitution de partie civile. Ce qui n’est pas le cas en l’espèce. Mais mieux, l’Etat n’a pas su montrer le préjudice qui lui a été causé. Aujourd’hui, les avocats de l’Etat parlent de préjudice moral, alors qu’au début du procès, ils parlaient d’un détournement de 1,800 milliard», a-t-il rappelé, invitant l’Etat à «arrêter de faire du forcing dans les affaires politiques». En outre, Me Kane estime que ce procès doit retourner à Abuja. «C’est le droit qui le demande, car il se pose une question d’interprétation et de la libre administration des collectivités locales», ajoute-t-il. Il demande par conséquent l’infirmation du premier jugement sur la constitution de partie civile de l’Etat en ce sens que «quelqu’un qui n’a pas souffert d’un préjudice ne peut se prévaloir d’une qualité de partie civile».
Me Demba Ciré Bathily a, à son tour, abondé dans le même sens. «Techniquement, c’est une action encadrée et intégrée dans l’action publique. L’Etat devait alléguer un préjudice pour faire partie du procès. Alors que devant le juge d’instruction, ils n’ont présenté aucune pièce qui prouve leur préjudice. L’Etat est ici pour autre chose», note-t-il. Me Ndèye Fatou Touré a, quant à elle, rappelé que «l’Etat s’était fondé sur les fonds de dotation pour dire voilà ce que nous avons remis à la ville de Dakar». Et de défier : «Si l’Etat a un texte disant tel taxe ou ristourne, il n’a qu’à nous le produire. Dans la phase d’un procès équitable, nous avons besoin de toutes les garanties, car hier, sur Igfm, nous avons vu votre arrêt qui a été intégralement publié. Je vous en informe», dit-elle au juge qui a promis de s’informer aussi.
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