Le président de la République a décrété 2023 comme année sociale. La mise en œuvre de cette volonté doit être l’affaire du gouvernement de «combat» qui a été mis en place et dirigé par Monsieur Amadou Ba. Pour faire face à la cherté de la vie et alléger le panier de la ménagère, de larges concertations ont été engagées et abouties à onze mesures parmi lesquelles figure en bonne place la réduction du prix de certaines denrées de première nécessité. Depuis le début de l’application de ces mesures, le gouvernement se heurte à la réticence de certains récalcitrants qui rechignent à appliquer les nouveaux tarifs comme indiqué.
C’est un effort titanesque : 2275 boutiques ont été contrôlées 2 jours après l’application des 11 mesures qui ont été prises par le gouvernement du Sénégal, 689 commerçants ont été verbalisés lors du contrôle. Ces informations sont du ministre du Commerce, Abdou Karim Fofana. Le gouvernement affiche la ferme volonté de faire respecter l’application des 11 mesures prises lors de concertations entre les acteurs du secteur. Derrière cette volonté se cache une tout autre réalité, celle de la réalité du terrain. En attestent les difficultés auxquelles se heurte l’applicabilité des nouvelles mesures prises, tendant à réduire la cherté de la vie et alléger le panier de la ménagère.
Ceux qui souffrent le plus de ces mesures «sont les détaillants», s’offusque un commerçant rencontré au marché de Rufisque. A l’en croire, «le détaillant n’a aucun intérêt à augmenter les prix à son échelle. Le gros du problème, c’est au niveau des grossistes qui ne jouent pas franc jeu». Revenant sur le contrôle sur l’effectivité de l’application des prix, «il estime que cela doit se faire normalement en amont auprès des grossistes» pour voir le prix auquel les produits nous ont été cédés par comparaison à ce qui a été discuté et arrêté avec le gouvernement lors des concertations. L’indignation est la même chez Seydina, boucher. «Je n’applique pas les nouveaux tarifs parce que j’achète toujours au même prix. Je vends le kg de viande à 3800 F Cfa sinon, je ne vais pas m’en sortir», explique-t-il. Il ajoute : «Le Sénégal n’a pas de bœufs, la plupart des bœufs nous viennent du Mali. Or, si ces derniers ne réduisent pas le prix, nous ne pouvons rien faire.» Pour sa part, Mbaye Sarr est un grossiste qui ne porte pas de gants pour exprimer sa colère. Même s’il convient que le gouvernement est dans son rôle, il estime que les grossistes sont aussi des pères de famille, chefs de ménage qui font partie intégrante de la société sénégalaise. Après cette mise au point faite, il lance : «Le gouvernement n’a pas pris en compte les stocks qui étaient déjà en train d’être écoulés et qui avaient été achetés avant les concertations. On devait donner un temps d’écoulement au moins d’un mois pour qu’on se prépare à l’application de nouveaux tarifs et qu’on s’organise avec les partenaires.» Selon lui, «cela a été fait dans la précipitation et obéit plus à une logique politicienne plutôt à un soulagement du coût de la vie». Interpellé lors du vote de son budget sur la question, le ministre du Commerce, Abdou Karim Fofana, avait assuré que le gouvernement n’a pas décidé de baisser les prix unilatéralement et sans concertations. «On a commencé par appeler les industriels, les consommateurs, etc. On a passé au peigne fin les problèmes du secteur. Des études poussées ont même été faites avant d’arrêter les 11 mesures. L’avis de l’administration a été sollicité avant la soumission au chef de l’Etat», s’est-il défendu à l’Hémicycle. De 22 milliards en 2022, le budget du ministère du Commerce est passé à 122 milliards 235 millions 696 mille 379 francs Cfa, soit une hausse de plus de 100 milliards qui trouve son explication dans la subvention sur les denrées de première nécessité pour éviter que les prix ne prennent l’ascenseur.