Après 6 ans de détention sans procès : Les «Thiantacounes» pressent l’Etat

Après plus de 6 ans de détention préventive, les thiantacounes arrêtés dans le cadre du double meurtre de Médinatoul Salam ne savent pas la date de leur procès. Après plusieurs séries de grève de la faim, Amnesty international Sénégal entre dans la danse.
L’attente est insoutenable. Après plus de 6 ans de détention préventive, les thiantacounes, arrêtés dans le cadre du double meurtre de Médinatoul Salam, ont multiplié les grèves de la faim pour obtenir leur jugement. Jusque-là, ça n’a rien donné. Au secours de ces détenus, Amnesty international (Ai) Sénégal a convoqué lundi dernier une conférence de presse pour exiger la tenue du procès des co-accusés de Cheikh Béthio Thioune qui, lui, a bénéficié d’une liberté provisoire depuis 2013. «A la suite de cet événement, le procureur Ibrahima Ndoye de Thiès a été saisi. Il a diligenté une enquête et procédé à des arrestations. L’affaire a été confiée à un juge d’instruction qui avait bouclé son instruction depuis 2013», relate Seydi Gassama. Le directeur exécutif d’Ai Sénégal affiche son étonnement : «Cela fait 20 ans que je travaille pour les droits de l’Homme et le non-jugement d’une affaire dont l’instruction a été bouclée depuis 5 ans est inhabituel. Plusieurs personnes qui étaient présumées de crimes aussi graves les ont trouvés en prison. Ces personnes-là, leur instruction a été bouclée, elles ont été extraites de prison, jugées, alors que ceux qui étaient là avant ces dernières personnes, on ne parle pas de leur jugement.» C’est pour cette raison que ces «victimes d’un déni de justice ont entamé une grève de la faim, cela fait presque 2 mois», regrette-t-il, avant d’interpeller le chef de l’Etat pour leur jugement. «S’il y a dysfonctionnement au niveau inférieur, le président de la République qui est garant du bon fonctionnement des institutions doit intervenir pour que le jugement ait lieu», dit-il en présence des parents de Mor Talla Diop et de Pape Mamadou Anne, deux des détenus arrêtés dans le cadre du double meurtre de Médinatoul Salam. «Nous ne demandons pas qu’on nous libère, mais qu’on nous juge», disent les détenus à travers une correspondance adressée au président de l’Association pour le soutien et la réinsertion sociale de détenus (Asred). «Nous dénonçons cette longue détention», crie Ibrahima Sall à côté de Seydi Gassama qui reprend la balle au rebond en estimant que «les avocats ont fait ce qu’ils devaient faire et ils ont dit que ce qui reste c’est de trouver de l’argent et saisir la Cour de la Cedeao pour dénoncer un déni de justice, car une fois l’instruction bouclée, le jugement devait suivre».
Cheikh Béthio Thioune et 16 personnes ont été arrêtés en avril 2012 pour les meurtres présumés de Bara Sow et Ababacar Diagne à Médinatoul Salam, situé dans le département de Mbour. Ils ont été inculpés pour homicide avec actes de barbarie, non dénonciation de crimes, association de malfaiteurs, détention d’armes à feu sans autorisation.
Stagiaire