«Nul n’a le droit de se faire justice soi-même.» Le procureur l’a rappelé mercredi à trois agents de la structure Manko. Ils ont été présentés au juge des flagrants délits pour les infractions de vol en réunion, coups et blessures volontaires, menace, violence et voie de fait. En effet, la partie civile, Mame Ngoné Diop, devait de l’argent à la banque. Pour rentrer dans leur fonds, Amadi Dabo, Abdoulaye Wali Baldé et Serge Diédhiou ont effectué une descente chez le débiteur. Selon le plaignant, il a été malmené par les prévenus qui lui ont occasionné une Incapacité temporelle de travail (Itt) de 7 jours. «Si nous ne prenons garde, il y aura des organisations mafieuses pour contourner la loi. On est en train de terroriser des débiteurs», assène l’avocat de M. Diop. Et de renchérir : «Ils ont des méthodes dangereuses, mafieuses et contraires à la loi. C’est un véritable escadron de la mort morale, psychologique.» Me Adnane Yakhya a aussi laissé entendre que son client a été «humilié, violenté, menacé». La partie civile a réclamé la somme de 5 millions de francs Cfa à titre de dommages et intérêts.
Pour le procureur, il s’agit de «méthodes délictuelles» qui doivent être découragées car, dit-il, certains Sénégalais ont cette façon de se faire justice eux-mêmes. Le maître des poursuites constate aussi que «certaines institutions financières mènent des méthodes mafieuses. Aller chez les gens, faire des recouvrements, ce sont des méthodes que l’on voit dans les pays où il n’y a pas de démocratie». Cependant, concernant le vol des 3 millions de francs Cfa indiqué par la partie civile, il a estimé qu’il doute de la matérialité de l’infraction. Il a sollicité la relaxe des prévenus pour ce chef, car aucun élément du dossier ne montre que l’un d’entre eux les a soustraits. Le ministère public a demandé la requalification des faits de violence et voie de fait, en séquestration. Pour la peine, il a requis 6 mois assortis du sursis. «Lorsque le débiteur ne paye pas, on procède par appel. Ensuite, on descend sur le terrain. Ce n’est pas pour poser des actes illégaux, c’est pour négocier. La méthode est diabolisée alors qu’il n’y a rien de délictuel», pense Me Djiby Diagne. L’avocat a rappelé que ses clients ont tous déclaré qu’ils ne l’ont jamais touché. Il y a, défend-il, un problème d’imputabilité qui se pose.
Par ailleurs, le conseiller des mis en cause a contesté la fiabilité du certificat médical. Pour Me Diagne, il s’agit d’un document de complaisance. Pour le vol, il a indiqué que l’infraction ne repose que sur les déclarations de la partie civile. Il a demandé le renvoi de ses clients des fins de la poursuite sans peine, ni dépens pour ce chef. Pour le reste, il a plaidé la relaxe au bénéfice du doute. Dans sa délibération, le Tribunal a reconnu les prévenus coupables. Ils ont été condamnés à 6 mois avec sursis. Ils doivent également allouer solidairement à la partie civile la somme de 2 millions de francs Cfa, tout en fixant la contrainte par corps.
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